La mise en œuvre de la réorganisation, prévue le 2 novembre dernier, a obligé les agents à réagir. Il n’y avait plus le choix : soit il fallait accepter la délocalisation des tournées motorisées (service de remise du courrier aux entreprises) à La Défense, la suppression de 7 tournées vélo et la mise en place de l’auto-remplacement le lundi, mardi et samedi en plus de la partie sécable intégrée au casier1 toute la semaine, soit il fallait faire grève. Le mouvement de grève a donc débuté le jeudi 29 octobre, il est resté majoritaire jusqu’à la reprise, ce mercredi 20 janvier.
Pendant ces 82 jours, les grévistes ont mené une politique d’extension de la grève sur l’ensemble du département autour de revendications locales. Les bureaux de Clichy, Puteaux et Chatenay se sont saisis de la grève reconductible pendant une semaine et ont obtenu satisfaction, ainsi que sur le report jusqu’à 2016 du projet de rendre les heures supplémentaires obligatoires. Plusieurs journées de grève ponctuelles ont également été suivies majoritairement à Asnières, Malakoff, Courbevoie, La Garenne-Colombes et Nanterre. Deux appels à la grève départementale ont été massivement suivis. De mi-novembre à mi-décembre, la direction a donc dû faire face à une mobilisation continue dans le 92.
Comme lors des grèves de 2009 et 2014, les postierEs des Hauts-de-Seine ont montré qu’ils ne connaissent pas de « frontières ». La visite du bureau de poste de Paris 15, un peu avant les élections régionales, a permis de s’adresser à d’autres postierEs. Ces liens sont une véritable bouffée d’oxygène. Ils prouvent que les salariéEs ne sont pas seuls à se poser certains problèmes.
Une stratégie d’extension
L’une des particularités de cette grève, c’est la forme qu’a prise cette politique d’extension, en allant jusqu’à Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines. Là encore, le déclic a été une prise de parole commune SUD 92-CGT 78 sur ce bureau qui venait de subir une réorganisation. C’est la première fois qu’une grève sur deux départements et avec des syndicats différents a été menée à ce point conjointement. Durant ces 11 jours de grève à Saint-Germain, les grévistes de Neuilly ont aidé leurs collègues des Yvelines à débrayer, et deux véritables AG communes (une dans les Yvelines, l’autre dans les Hauts-de-Seine) ont eu lieu, ainsi qu’une fête de soutien commune 92-78.
Les grévistes ont réussi à retourner graduellement en leur faveur l’embauche massive de facteurs visant à casser la grève de Neuilly, qui sont passés d’un total désintérêt à une écoute polie, pour finir par « sortir du casier » et participer à l’AG lors de la reprise du travail le 20 janvier.
Au final, cette stratégie a permis d’obtenir une victoire très nette pour les postierEs de Neuilly. La délocalisation est annulée, deux tournées supplémentaires ont été injectées, le lundi est le seul jour de sécabilité structurelle, la partie sécable intégrée au casier est retirée, le samedi sur deux non travaillé est maintenu. La direction est même revenue sur le licenciement d’un collègue intervenu en pleine grève. C’est bien sûr la démonstration que la lutte sert à quelque chose, mais surtout, qu’une orientation lutte de classe dans les grèves (caisse de grève, AG quotidienne, comité de grève, extension et convergence, refus des suppressions d’emplois...) permet de les faire gagner.
Correspondant
- 1. Le facteur trie toute la semaine le courrier dévolu aux journées de sécabilité (d’auto-remplacement). Cette forme d’organisation permet de pouvoir faire basculer n’importe quel jour de la semaine, en fonction des présentEs, en sécabilité.