Mercredi 7 mai, Bruno, postier de Paris, s’est vu signifier son licenciement par une commission disciplinaire. Sa « faute » ? Avoir salué le 26 mars les grévistes des Hauts-de-Seine qui occupaient la Direction opérationnelle territoriale courrier (DOTC) de Paris-nord...
Outre Bruno, trois militants de Sud-Poste 75 et sept du 92 sont visés par des procédures de licenciement. Parmi ces derniers, Gaël Quirante fait déjà l’objet d’une procédure depuis 2010, en attente de jugement au tribunal administratif.
L’État s’en mêleEn 2012, des militants avaient été condamnés par la justice pour une prétendue « séquestration » (la décision est en attente à la Cour de cassation). Cette fois, cinq grévistes sont convoqués à la Sûreté territoriale le 21 mai. L’occasion d’un grand rassemblement contre la répression. Cela révèlent la fébrilité de La Poste face à la grève de quatre bureaux des Hauts-de-Seine. Une grève animé par les postierEs qui, chaque jour, vont voir leurs collègues du département, mais aussi des Yvelines ou de Paris. Des bureaux pourraient bien se mettre également en grève : ceux de Paris 15 où un projet de réorganisation supprimerait trente-cinq tournées et douze repos à l’année, de Paris-Europe où travaille Bruno ou encore de Paris 10 ! Une telle perspective fait sortir les postierEs du 92 de l’isolement... Et donne des frissons à La Poste. Clairement, la répression vise autant à faire plier les grévistes d’aujourd’hui qu’à décourager les mobilisations de demain.
Une grève contre la précarité et contre les suppressions d’emploisLa grève heurte de front la politique de La Poste, qui touche des subventions pour les « emplois aidés » (elle bénéficie des « Contrats uniques d’insertion », des « emplois d’avenir »... et de 293 millions d’euros au titre du crédit impôt compétitivité) sans titularisation à la clé : elle préfère renouveler sans cesse la juteuse opération avec de nouveaux précaires. Les grévistes de Rueil-Malmaison, d’où est parti le conflit, ne demandaient au début que la titularisation de l’une de leurs collègues qui n’avait pas été renouvelée à la fin de son CDD. La grève remet en cause le pouvoir des patrons à embaucher et à virer les salariés à leur guise. Cela va au-delà de La Poste : les questions de la précarité et des suppressions d’emplois sont au cœur de nombreuses luttes ouvrières et de la jeunesse de ces dernières années. Les grévistes ne s’y sont pas trompés en menant des actions et en organisant des cortèges de manifestation en commun avec les intermittentEs, précaires et intérimaires d’Île-de-France.
La solidarité, l’affaire de toutes et tousCette grève déterminée, auto-organisée, organisant la convergence et l’extension des luttes, pourrait bien mener à une victoire sur les revendications. Mais cela ne sera possible que si elle tient. Après trois mois et demi, la question financière est cruciale pour des salariéEs dont les paies habituelles sont déjà au rabais. Ni les pressions financières ni la répression ne doivent faire obstacle à la mobilisation !La solidarité passe par la signature de la pétition de soutien (1), par une aide financière aux grévistes (2), et la participation la plus massive au rassemblement contre la répression qui se tiendra mercredi 21 mai à 8h30 (3).
Correspondant1- http ://www.change.org/fr/pétitions/sud-poste-92-après-trois-mois-de-grève-soutenons-les-postiers-du-92 2- Caisse de grève : chèques à SUD Poste 92, 51 rue Jean Bonal, 92 250, La Garenne-Colombes, mention « solidarité grévistes » au dos.3- 3-5 rue Riquet, Paris 19e (métro Riquet, ligne 7)