Leader de la distribution à domicile de produits surgelés, Toupargel a été racheté en 2020 par les frères Bahadourian, 90e fortune française, avant d’être liquidé brusquement. Les salariéEs occupent les plateformes logistiques d’Argentan, Chalon-sur-Saône et Montauban.
Avec 75 ans d’histoire, Toupargel, que ses repreneurs ont rebaptisé Place du Marché, pouvait être relancé. C’était sans compter l’appétit de profits de ces actionnaires, qui possèdent aussi Grand Frais — les supermarchés en plein développement. Au lieu de mettre en place un nouveau logiciel et des magasins à proximité de leurs Grand Frais comme promis lors du rachat, ils ont préféré récupérer le foncier de Toupargel via leur holding basée au Luxembourg.
Il ne leur restait plus qu’à mettre Toupargel en liquidation judiciaire et à licencier 1 900 salariéEs, principalement des femmes avec en moyenne plus de 15 ans d’ancienneté. Exilés fiscaux, les milliardaires Bahadourian ont reçu 35 millions d’euros d’aide publiques en 2022 !
Siphonnage de l’immobilier
Certains salariéEs n’ont pas attendu cette liquidation pour être reclassés : le dernier directeur général de Toupargel, nommé par les frères Bahadourian, celui-là même qui a conduit à la liquidation, est maintenant à la tête d’une autre filiale… La ficelle est trop grosse !
Pourtant devant cette farce, le tribunal de commerce a prononcé la liquidation judiciaire alors même que la cessation des paiements n’était pas avérée.
Et l’Inspection du travail a dit ne rien pouvoir faire face à ce siphonnage en règle de l’immobilier de Toupargel et n’a même pas demandé le remboursement des 35 millions d’euros d’aides versées.
Heureusement, bien que répartis en France sur de nombreux sites de 20 à 30 salariéEs, les salariéEs ne se laissent pas faire. Avec les syndicats CGT et FO, ils et elles occupent les 3 plateformes logistiques du groupe à Argentan, Chalon-sur Saône et Montauban. Occupation 24 h/24 avec détermination puisqu’ils ont dormi dehors et le font encore à Chalon-sur-Saône.
Les salariéEs se battent auprès des AGS (association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés) pour obtenir la prime Macron et la prime supra-légale, en souhaitant que ce soient les frères Bahadourian qui les prennent en charge. Ils bloquent aussi régulièrement des Grand Frais et ont rendu visite au magasin Bahadourian des Halles de Lyon.
Ils sont montés à Paris et ont été reçus par les AGS, le cabinet de Bruno Lemaire et par Fabien Roussel à l’Assemblée nationale.
Et demain ? Ils et elles envisagent d’ouvrir les portes des entrepôts pour une braderie sur les produits surgelés (2 millions d’euros de marchandise par site). En attendant, n’hésitons pas à passer les soutenir sur leurs piquets !