Publié le Mercredi 22 juillet 2009 à 11h09.

WKF, presse sous pression ....

Le groupe de presse et d'édition Wolters Kluwer France (WKF), à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), a annoncé la suppression de 184 postes, sur un effectif global de 1116 salariés. Prétextes invoqués : la révolution numérique, le maintien de la compétitivité et la crise économique. 

 

 

Avec un chiffre d'affaires de 3,69 milliards d’euros, 20% de bénéfices en 2008 et un salaire annuel de 5,5 millions d'euros pour la PDG, Nancy Mc Kinstry, le groupe hollandais Wolters Kluwer n'est pas vraiment une entreprise qui va mal. Pourtant, le groupe a annoncé la suppression de 184 emplois dans sa filiale française, WKF, afin de maintenir cette année, malgré la crise, des chiffres identiques à 2008. Par ailleurs, WKF a emprunté 445 millions d'euros à la maison mère, sur ordre de celle-ci, dans le seul but de verser, chaque année et pendant quinze ans, 30 millions d'euros d'intérêts aux actionnaires (ce qui n'empêche pas le groupe de bénéficier d'aides publiques et de cadeaux fiscaux).

Face à ces licenciements boursiers, une intersyndicale (CFDT, CFE - CGC, CFTC, CGT, CNT, FO, SNJ) se constitue et mobilise les salariés. Le 10 juin, plusieurs centaines d'entre eux envahissent le comité d'entreprise (CE) et interrompent une réunion extraordinaire de la direction. L’intersyndicale tente de bloquer le plan social et d’alarmer l’opinion publique sur la magouille que constitue l’emprunt de 445 millions d'euros. Dès le 22 juin, un système de grève tournante est mis en place, par service et par rédaction. Ainsi, les salariés se relayent pour bloquer la sortie des magazines les plus rentables, tout en évitant de trop grandes retenues sur salaires. Pendant ce temps, les non-grévistes tiennent une caisse de grève, permettant au mouvement de tenir bon. Le siège social de WKF devient le théâtre d'actions quotidiennes, visant à mobiliser les travailleurs et à populariser leur lutte auprès des salariés des entreprises environnantes : tintamarre, pique-nique géant, lettres types envoyées aux députés, collage d’affiches, concert d'un orchestre constitué de salariés de la boîte, etc.

Malgré la forte mobilisation des salariés, la direction refuse de recevoir les représentants syndicaux, espérant que la lutte s'essouffle. Mais cela ne fait qu'augmenter l’exaspération des salariés. Dans cette entreprise peu habituée à la lutte sociale, où un patronat paternaliste s’appuyait jusqu'à présent sur la CFTC, ces dernières semaines ont profondément changé la situation et la conscience des travailleurs. Ils sont de plus en plus nombreux à comprendre que la victoire ne sera possible qu’en touchant le patron au portefeuille, en bloquant la production par la grève. Pendant l’été, l’intersyndicale appelle à suspendre le mouvement, pour le redémarrer de plus belle dès septembre, promettant des actions plus « méchantes ». Plus de détails sur le blog wkfdegraisse.wordpress.com.

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