Une enquête menée par France terre d’asile entre novembre 2017 et mai 2018 dénonce les violences auxquelles sont exposées les femmes réfugiées et demandeuses d’asile quand elles arrivent en France.
En 2017, les femmes représentaient 35 % des demandeurEs d’asile, et 40,5 % des personnes sous la protection de l’Ofpra.
Les femmes sont victimes de violences spécifiques. Ainsi, aux « insultes, rejets et harcèlement à la croisée du sexisme et du racisme » s’ajoutent « les agressions physiques et sexuelles liées au fait de devoir dormir dans la rue, les vols, les situations d’exploitation sexuelle, les mariages ou les grossesses "arrangées" pour obtenir un hébergement ou un titre de séjour, les situations de prostitution de survie pour obtenir de quoi manger ou un endroit où dormir, les violences de la part de leur conjoint ou partenaire et les discriminations ou persécutions en raison de leur orientation sexuelle ».
Les femmes migrantes, ne vont pas porter plainte, par peur de perdre leur titre de séjour ou de protection internationale lorsqu’il est rattaché à leur conjoint. De plus, « les plaintes souvent classées sans suite, ainsi que le manque d’information claire sur les droits des femmes en France, alimentent leur peur. »
Non-assistance à personne en danger
Ainsi sont pointées les conditions d’accueil insuffisantes, les hébergements quasi inexistants et/ou inadaptés, la précarité administrative et économique, le manque de formation des personnels dans les lieux d’accueil et le manque de lieux d’accueil et d’information sur leurs droits pour les femmes migrantes.
La politique du gouvernement de non-accueil des migrantEs est équivalente à une non-assistance à personne en danger, qu’il s’agissent de femmes migrantes demandeuses d’asile ou pas.
Les dernières modifications de la loi sur l’immigration n’ont fait qu’aggraver cette situation en compliquant l’accès aux démarches administratives pour demander l’asile. Une femme peut attendre plusieurs mois pour avoir un premier rendez-vous, elle sera à la rue, souvent isolée et perdue dans un pays dont elle ignore les codes, sans aucun soutien pendant ce temps.
Ce qu’il faut :
– une création massive de lieux d’hébergement permettant un accueil dans la dignité, une prise en charge des questions de santé et un accompagnement vers l’emploi qualifié ;
– des lieux d’accueil non mixtes avec des personnels forméEs pour favoriser l’écoute des femmes migrantes ;
– des démarches simplifiées et une réelle prise en compte des faits de violences spécifiques pour l’accès au statut de réfugiée pour les femmes, la reconnaissance du viol comme arme de guerre, l’application effective de la protection internationale immédiate pour les victimes de la traite des êtres humains ;
– une individualisation des droits – non dépendante du mari ou du père – pour l’obtention des titres de séjour pour les femmes.