Difficile de dire ce qui est le plus à vomir : le viol, en lui-même, d’une jeune femme de 18 ans, par cinq hommes lors des fêtes de Pampelune en 2016, ou le verdict rendu la semaine dernière par la justice espagnole, les condamnant pour abus sexuel et non pour viol.
Dans la loi espagnole, pour qu’il y ait viol il faut qu’il y ait « intimidation » ou « violence » et donc pour les juges, cinq hommes plus âgés qui te coincent dans un hall d’immeuble ce n’est apparemment ni intimidant ni violent… L’un d’entre eux a même demandé la relaxe des accusés ! Et pour en ajouter encore dans l’ignominie, il a été reproché à la victime de continuer à sortir après avoir été violée au lieu de rester cloîtrée chez elle. On est à des années-lumière de simplement poser la question du consentement de la victime…
Pourtant, l’État espagnol a été un des premiers pays à adopter une loi cadre contre les violences faites aux femmes en 2004 suivi d’un « pacte » en 2017. Mais les violences sexistes y restent massives.
En revanche, ce qui est extrêmement encourageant, c’est que, dans l’État espagnol, les femmes n’acceptent plus les violences sexistes et la justice patriarcale. Elles ont manifesté par dizaines de milliers pour contester le jugement rendu, et la mobilisation se poursuit. Sur les réseaux sociaux les hashtags fleurissent pour dénoncer les violences, soutenir la victime, dénoncer la justice patriarcale. Une pétition contre les juges a été signée par plus d’un million de personnes, et le gouvernement Rajoy a été contraint d’annoncer qu’il étudierait l’éventualité d’une révision du Code pénal.
Dans l’État espagnol, les femmes ont construit un mouvement féministe profond et très large. Ce sont elles qui avaient fait reculer le gouvernement Rajoy lorsque celui-ci avait attaqué le droit à l’avortement en 2013. Ce sont elles qui ont fait grève à plusieurs millions le 8 mars dernier contre la surexploitation des femmes au travail et dans les tâches domestiques.
Plus largement, on voit aujourd’hui, à travers le monde, une nouvelle génération de femmes qui se révoltent et s’organisent en particulier contre les violences et qui remettent en cause le patriarcat. La structuration de ce mouvement, l’établissement de revendications sont à l’ordre du jour… pour construire un mouvement féministe massif et combatif qui puisse enfin imposer de nouvelles avancées pour les femmes du monde entier !
Elsa Collonges