La droite a été battue aux élections régionales de quatre Länder, mais les dirigeants des Verts et de Die Linke s’engagent dans des coalitions libérales.
Le SPD, Linke et les Verts ont réussà battre la droite dans quatre des cinq Länder (États) appelés à voter (Brandebourg, Thuringe, Schleswig-Holstein et Sarre). Ce résultat intervient après la victoire de la droite aux élections générales qui a bénéficié d’une érosion massive de la social-démocratie (lire Tout est à nous !n° 24). Le bon score obtenu par Die Linke, passant de 8,7 % en 2004 à 11,9 %, témoignait de la volonté de toute une partie de l’électorat social-démocrate de trouver une alternative à la politique anti-sociale du SPD. Comme dans la plupart des pays d’Europe, la social-démocratie est en crise et se plonge dans des débats internes qui cachent l’essentiel : comment faire des réformes dans un capitalisme en crise qui ne leur laisse aucune miettes pour les faire. Malheureusement, la direction des Verts et de Die Linke apportent une réponse contraire aux aspirations de tous les déçus de la social-démocratie.
Après sa participation à l’exécutif de Berlin avec le SPD, Die Linke vient de décider d’entrer dans un gouvernement de coalition avec ce parti dans l’État de Brandebourg, sans tenir compte du bilan de cette cogestion à Berlin qui a conduit à une série de privatisations et de désenchantement dans la gauche radicale. Il est vrai qu’Oskar Lafontaine, président de Die Linke, avait toujours souhaité de telles coalitions mais jusqu’à présent, c’était le SPD qui s’y opposait.
Du côté des Verts, leurs dernières décisions politiques sont tout aussi inquiétantes. En Sarre, le fief d’Oskar Lafontaine, qui en fut le président alors qu’il dirigeait encore le SPD et qui a fait 21 % aux dernières élections, les Verts ont décidé de participer à un gouvernement de coalition avec les libéraux du FDP et les conservateurs de la CDU. Une véritable honte, et on aimerait savoir ce qu’en pensent les Verts français. En Thuringe, la coalition s’est faite entre la CDU et le SPD.
Toutes ces alliances politiciennes qui visent à maintenir en Allemagne une orientation politique libérale ne manqueront pas d’aviver les tensions internes dans le SPD comme dans Die Linke.
La crise de la social-démocratie va continuer. On ne peut écarter des inflexions à gauche de secteurs du SPD allant à la recherche d’alliances avec Die Linke. Mais ces inflexions restent dans le cadre d’un accompagnement social-libéral de la crise. Cogérer des gouvernements régionaux avec le SPD entraînerait Die Linke dans la co-responsabilité des plans d’austérité que s’apprêtent à déployer les classes dominantes. Die Linke représente un espoir pour des millions de salariés dans la recherche d’une alternative à la social-démocratie. Cet espoir ne peut s’accompagner de participation à des coalitions avec cette dernière. Au contraire, ce qui est à l’ordre du jour aujourd’hui en Allemagne, c’est une politique indépendante et anticapitaliste.
Yohan Haupt