C’est un tournant dans la situation politique. Le 20 novembre on a assisté en Argentine à la première grève générale contre le gouvernement Kirchner, au pouvoir depuis 2003. La présidente Cristina Kirchner est une « progressiste » proche de Chavez. Cette grève révèle un début de rupture entre la classe ouvrière et la jeunesse d’un côté, et un gouvernement nationaliste et bonapartiste de l’autre.La crise mondiale du capitalisme touche aussi l’Argentine, même si Kirchner proclame haut et fort que sa politique préserve le pays de ses effets. Il y a un recul de l’activité économique et les indicateurs sont au rouge. Le gouvernement essaie de s’appuyer sur sa nature plébiscitaire, mais il est en recul.Le régime s’appuie sur le contrôle du mouvement ouvrier et si nécessaire sur la répression. Il a organisé cet embrigadement avec la collaboration de la vieille bureaucratie syndicale. Mais cela tombe en lambeaux. Il y a aujourd’hui en Argentine cinq centrales syndicales. Par ailleurs, le phénomène dominant est le renforcement d’un nouveau mouvement ouvrier. Beaucoup de syndicats de base ont été conquis par la gauche et les tendances « lutte de classes » ; dans les usines, les délégués syndicaux s’organisent contre la politique des directions syndicales nationales.Réplique ouvrièreLa grève du 20 novembre est avant tout l’expression d’une lutte revendicative, sous l’impulsion des noyaux combatifs. Trois des cinq centrales syndicales ont appelé à la grève pour faire une démonstration de force contrôlée. La grève fut beaucoup plus importante et active que prévue : paralysie d’une grande partie de l’activité, intervention des « piquetes » des militantEs dans les rues, mobilisation des déléguéEs dans les usines.Continuité ou rupture avec le « cacelorazo » du 8 novembre ? Ce jour-là, des centaines de milliers de personnes avaient manifesté dans les rues contre le gouvernement, avec une présence majoritaire des classes moyennes, à l’appel des organisations de l’opposition de droite. Une partie de la gauche avait aussi appelé à manifester. Il y a une certaine continuité entre le 8 novembre et le 20 novembre, parce que ces deux journées constituent la manifestation du mécontentement, avec présence de la population dans les rues et une assemblée politique permanente. Tout le contraire d’un régime bonapartiste. Mais domine la rupture entre ces deux dates, car le 20 novembre est la réplique ouvrière à un 8 novembre bourgeois et petit-bourgeois. Il exprime une tendance à l’intervention indépendante et à la lutte du mouvement ouvrier face à la crise capitaliste.L’évolution des luttes sociales et politiques de la classe ouvrière en Argentine doit être observée avec beaucoup d’attention par toutes les forces militantes et anticapitalistes. On est en train d’assister à une nouvelle période de la lutte des classes, marquée par la convergence entre le mouvement ouvrier combatif et la gauche révolutionnaire. Cette gauche s’exprime en particulier dans l’accord unitaire du FIT (Frente de la Izquierda y los Trabajadores) auquel participent le Parti ouvrier, le PTS et la Gauche socialiste. Il s’agit de l’émergence d’une alternative politique qui devrait éviter que les exploitéEs de l’Argentine soient une nouvelle fois à la remorque des forces bourgeoises.Marcelo N.
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