Publié le Mardi 18 octobre 2016 à 23h40.

Au Moyen-Orient, arrêt immédiat des bombardements !

Vladimir Poutine a été amené par Hollande à reporter son voyage du 19 octobre à Paris... Mais les bombardements continuent à Alep, et risquent d’être confortés par l’offensive majeure de la coalition anti-Daesh qui est annoncée à Mossoul en Irak.

Au moment où le président russe s’affirme comme le maître d’œuvre de l’offensive du régime despotique syrien avec ses alliés contre la partie rebelle de la ville d’Alep, avec ses bombardements meurtriers contre les infrastructures civiles, il faut dire que cette visite faisait tache ! Il était d’ailleurs attendu de pied ferme par les défenseurs de la liberté et de la démocratie en Russie, en Syrie, en Ukraine.

Mais François Hollande a voulu saisir cette occasion d’apparaître comme un grand démocrate au niveau international. Quelques jours plus tôt, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, une résolution française pour un arrêt immédiat des bombardements à Alep s’était vu opposer le veto du gouvernement russe. À la suite, Hollande et Ayrault ont proclamé qu’ils s’expliqueraient à Paris avec Poutine, ce qui a entraîné la défection du président russe.

Quelle « guerre contre le terrorisme » ?

Beaucoup dans la droite et l’extrême droite française, mais aussi certains à gauche, ont vertement critiqué Hollande pour son manque de respect à Poutine. Pour nous, ce n’est vraiment pas cela le problème. Il n’y a aucune justification progressiste à la politique impérialiste de la Russie de Poutine, son engagement aux côtés d’un Bachar el-Assad qui se vautre dans l’extermination de son peuple révolté, sans parler des autres aspects de la politique intérieure et extérieure autocratique de l’ancien colonel des services secrets russes.

Quel contresens, de la part du très « laïque » Jean-Luc Mélenchon, de défendre le chef actuel du Kremlin, qui venait d’abord à Paris pour inaugurer le « centre culturel et spirituel orthodoxe russe », et qui, depuis la fin de l’ère Bush, est le chef d’État qui parle le plus d’une « croisade antiterroriste» au Moyen-Orient ! Et comment peut-il mépriser à ce point le peuple syrien et pratiquer de tels amalgames en assénant dans son interview à la chaîne Public Sénat, après avoir regretté que toutes les guerres sont abominables, que « Nous parlons de la zone est d’Alep. Qui est tenu par qui ? (...) des modérés, des modérés d’Al-Qaeda qui ont assassiné les rédacteurs de Charlie Hebdo. Vous tenez à tout prix à trier entre les victimes ? » À son tour, Mélenchon semble voir les peuples comme des pions manipulés par des États ou par des courants terroristes, des peuples dont les mortEs dans les bombardements ne seraient que des effets collatéraux...

Or, le principal scandale dans l’attitude de Hollande et de son gouvernement, c’est sa concurrence/association avec les autres puissances impérialistes et colonialistes, des USA à la Russie ou à Israël, dans une prétendue « guerre contre le terrorisme » dans laquelle les bombardements aériens annihilent tout droit humain de base. Une orientation qui amène aussi la concurrence des ventes d’armes et le recul des droits démocratiques partout… Il faut nous opposer à tous les bombardements, en Syrie, en Irak, au Yémen, partout !

Les grandes puissances font partie du problème, pas de la solution !

À l’heure où les médias et les gouvernements d’une grande coalition glorifient au nom de l’éradication de Daesh l’offensive massive démarrée contre Mossoul en Irak, nous devons dire clairement que ces opérations militaires ne feront qu’aggraver les problèmes alors qu’une population d’1,5 million d’habitantEs est piégée dans cette ville.

En effet, rien n’est prévu pour les conséquences de l’offensive ni pour la suite politique. Selon la coordinatrice humanitaire des Nations unies en Irak, « Si plus de 150 000 personnes se déplacent en quelques jours ou semaines, aucune institution du monde ne peut les gérer », et elles seront quasi abandonnées dans le désert... D’autre part, chacune des forces armées qui interviendront – armées irakienne, américaine, française, turque, et milices chiites, kurdes, sunnites… – ont leur propre agenda pour la suite, et comme dans la reprise d’autres villes irakiennes, les exactions sont certaines. Ainsi, les conditions de redéploiement de l’État islamique, ou d’un nouvel avatar tout aussi néfaste, seront renouées sous une forme encore plus violente.

Les grandes puissances impérialistes ont joué un rôle majeur dans l’aggravation des problèmes du Moyen-Orient depuis des années. Nous devons imposer l’arrêt de tous les bombardements dans la région et obliger ces grandes puissances à cesser de se substituer à l’initiative des peuples. Nous devons en revanche toute notre solidarité aux oppriméEs mobilisés, et l’aide par en bas à leurs combats pour la liberté, la justice et la souveraineté !

Jacques Babel