Retour sur une conférence internationale organisée le week-end dernier à Athènes par la coordination Keerfa (Unis contre le racisme et la menace fasciste).
Athènes, le samedi 13 octobre. Devant 300 personnes réunies pour l’assemblée de la coordination Keerfa, dont trois groupes de réfugiéEs, afghans, irakiens et syriens, un représentant de Aufstehen gegen Rassismus en Allemagne annonce les chiffres de la manifestation en train de se mettre en place à Berlin. La manif est loin d’avoir commencé, mais il y a déjà 50 000 personnes au point de départ. À la fin de l’assemblée, il annonce que 250 000 personnes ont manifesté contre le racisme et contre l’AfD. Le délégué britannique de Stand up to Racism nous montre son téléphone : 2 000 antiracistes et antifascistes ont réussi à bloquer la marche du groupe fasciste DLFA dans le centre de Londres.
Avec les migrantEs
Pendant la journée, de multiples interventions lors des plénières et lors des ateliers montrent le rôle que peut jouer une coalition antiraciste et antifasciste. Les groupes de réfugiéEs ont lancé une campagne « Ouvrez les villes » car femmes, hommes et enfants sont bloqués pendant des mois dans des camps isolés dans des conditions désastreuses. Un des groupes a fui ces camps et occupe des appartements vides dans Athènes. Des conseillers municipaux « amis » indiquent des appartements vides – pratiquement mais aussi juridiquement – parce que les propriétaires sont décédés et que les enfants refusent l’héritage pour ne pas avoir à payer les dettes.
Des syndicalistes de la santé et de l’éducation expliquent leur combat, dans lequel droits des travailleurEs se combinent avec la lutte de solidarité envers les migrantEs. Dans les écoles, le gouvernement a essayé d’imposer plus d’heures, le soir, aux enseignantEs, pour donner des cours de grec (financés par l’UE et l’ONU) à des réfugiéEs. Les syndicalistes ont obtenu que les cours se tiennent pendant leurs horaires, pendant la journée et que les enfants migrants soient ainsi intégrés progressivement aux classes régulières.
Contre Aube dorée et les fascistes
L’organisation fasciste Aube dorée a été affaiblie, ses dirigeants sont en prison et la plupart de ses locaux ont été fermés sous la pression des manifestations. Le responsable de l’association des prisonniers sous la dictature explique qu’il ne doit y avoir aucune complaisance. La mobilisation se poursuit pour visibiliser le procès des députés d’Aube dorée qui continue, et une déléguée du Pirée explique que, dans sa région, des locaux fascistes n’ont pas encore été fermés. La manifestation du 15 septembre commémorant la mort de Pavlos Fyssas, tué par les fascistes, a été un succès, et une artiste d’un groupe de rock insiste sur l’importance de la lutte sur le terrain culturel.
L’assemblée vote un appel à une journée internationale de manifestations contre le racisme et le fascisme le 16 mars prochain. La date avait déjà été lancée à l’assemblée de la Marche des solidarités à Paris fin septembre. Une conférence antiraciste à Bologne avait repris l’idée de ce type d’initiative « au printemps ». La date du 16 mars va être reprise à la conférence de Stand up to Racism à Londres le samedi 20 octobre. Les déléguéEs d’Allemagne, d’Autriche et de Catalogne présents à Athènes ont annoncé qu’elle serait aussi reprise dans leurs pays.
Contre l’Europe des frontières et des fascismes, la riposte sera internationale.
Denis Godard