Du 11 au 13 avril 2023 s’est tenue la session extraordinaire sur la reprise de Crédit Suisse (CS) par UBS. Comme annoncé, elle s’est révélée inutile et sans grands enjeux.
Les deux Chambres ne possédaient aucun pouvoir pour revenir sur les décisions prises par le Conseil fédéral en application du droit d’urgence et au mépris de plusieurs lois. Face à ce déni de démocratie, on aurait pu s’attendre à ce que les deux groupes d’« opposition » à la majorité de droite du parlement, le Parti socialiste suisse (PSS) et les Vert·e·s suisses, se montrent revendicatifs et offensifs : il n’en fut rien.
Mesures cosmétiques
Le PSS a principalement défendu le renforcement des exigences de fonds propres pour les banques d’importance systémique ainsi que l’interdiction des bonus pour celles-ci. Ces revendications sont au mieux cosmétiques, au pire contreproductives. L’augmentation des fonds propres du CS depuis 2008 n’a pas empêché la chute actuelle de la banque, tandis que, le contournement de la législation suisse étant un sport national dans le domaine de la place financière suisse, l’interdiction des bonus serait facilement esquivée.
Quelles étaient les revendications des Vert·e·s à cette session ? Transformer la culture d’entreprise (reprenant à leur compte l’analyse de la très conservatrice et libérale NZZ [Neue Zürcher Zeitung] sur la responsabilité de la mauvaise gestion de CS), réguler (mais pas trop !), et étatiser temporairement les secteurs de CS les plus déficitaires (et laisser les profits à UBS).
En somme, pour le PSS et les Vert·e·s, afin d’éviter une nouvelle catastrophe, il suffirait de poser des conditions légales plus strictes aux banques d’importance systémique. Or, la situation actuelle découle directement des spécificités de la place financière suisse : sa spécialisation dans les services liés à la fraude fiscale et au blanchiment d’argent à l’échelle internationale.
Nationalisation !
La question n’est pas de savoir si UBS entrera en crise, mais quand. Pour tenter de l’éviter, le démantèlement rapide et total du paradis fiscal suisse par la suppression du secret bancaire et des nombreux privilèges fiscaux accordés aux ultra-riches et aux grandes entreprises est une première étape indispensable.
Rappelons-le, le rachat de CS par l’UBS met en danger au moins 10 000 emplois. La défense des travailleurEs aurait dû être au centre des débats. La Confédération doit interdire immédiatement à UBS tout licenciement.
À moyen terme, un plan de reconversion doit être mis en place afin de garantir qu’aucunE employéE ne se retrouve au chômage.
Ce sauvetage est l’occasion rêvée de placer UBS sous le contrôle des pouvoirs publics, des salariéEs et des usagerEs afin d’avoir une banque au service des intérêts des travailleurEs, notamment par l’interdiction collectivement décidée des investissements dans les énergies fossiles et le financement de la transition écologique.
Impossible à réaliser ? En l’espace d’un week-end, le Conseil fédéral a ficelé ce rachat assorti de garanties étatiques et de la Banque nationale suisse quasiment illimitées. La nationalisation et socialisation d’UBS-CS aurait été une alternative. C’est une question de choix politique.
Paru dans le n°419 de solidaritéS (Suisse)