Alors que depuis près d’un an se poursuit l’un des conflits les plus meurtriers du siècle, des invasions terrestres durables de l’armée israélienne se dessinent au sud Liban et dans la bande de Gaza.
Le Liban subit des attaques d’ampleur depuis mardi lorsque Israël a déclenché une première vague d’attentats en faisant exploser des milliers de bipeurs piégés, tuant au moins 39 personnes et faisant près de 4 000 blesséEs et qui s’est poursuivie mercredi. Bien loin d’une attaque « précise » ciblant les membres du Hezbollah, c’est évidemment l’ensemble de la population libanaise qui était ciblée, dans une stratégie de provoquer le chaos et la peur —soit la définition du terrorisme d’État si cette notion avait encore un sens.
Vers une invasion terrestre au sud Liban ?
Depuis vendredi, les frappes aériennes de très forte intensité s’enchaînent, faisant déjà plus de 590 mortEs au Liban. Ce niveau de violence tranche avec les frappes régulières des deux côtés de la frontière israélo-libanaise depuis le début du génocide. Malgré les morts, les dégâts considérables —des villes dévastées, des zones agricoles détruites par l’usage du phosphore blanc — et plus de 90 000 déplacéEs, les ripostes étaient limitées, même si largement déséquilibrées puisque Israël a envoyé cinq fois plus de missiles que le Hezbollah dans la zone frontalière.
Ce front est donc entré dans une nouvelle phase et tout semble indiquer que l’armée israélienne se prépare à une invasion de la zone frontalière, même si l’objectif stratégique semble fou : forcer le Hezbollah à déclencher une guerre « ouverte » ? Obtenir plus d’armes et de financements des États-Unis ? Détourner l’attention des IsraélienEs de Gaza ? En assimilant la population libanaise au Hezbollah qu’il faudrait éliminer, le ministre israélien de l’Éducation a rappelé que le Liban est à nouveau l’un des terrains de la guerre coloniale que mène Israël, avec les mêmes techniques de déshumanisation qu’envers les PalestinienNEs.
Un plan d’occupation du nord de la bande de Gaza
En Palestine, deux projets semblent se dessiner pour Gaza : d’un côté la création d’une zone tampon le long du corridor « Philadelphie » au sud et de l’autre une prise de guerre de plusieurs kilomètres de long au nord autour de la ville de Gaza, ce qui correspondrait à 16 % de l’enclave. Plusieurs ministres israéliens ont appelé au nettoyage ethnique de cette dernière alors qu’il y reste environ 300 000 PalestinienNEs assiégéEs. Cette expropriation serait la dernière étape avant l’établissement d’une colonie.
Ces discussions se déroulent au plus haut niveau de l’État israélien alors que l’ONU vient de voter à une large majorité une résolution qui exige qu’Israël se retire de tous les territoires palestiniens occupés depuis 1967 sous un an.
Évidemment cette résolution n’aura que trop peu d’effets, elle reste tout de même un autre outil pour mobiliser dans notre camp et faire pression sur un État qui ne connaît aucune limite et qui a pour stratégie d’entraîner l’ensemble de la région dans une guerre totale.
Louisa D.