Il y aurait actuellement 41 000 personnes détenues en Égypte pour des motifs politiques, dont environ 700 mineurEs. Seulement 4 % d’entre elles seraient accusées de délits terroristes, et 89 % de participation pacifique à des actions politiques.
Répression implacable contre les Frères musulmansDepuis le 3 juillet 2013, plus de 1 400 manifestants pro-Morsi ont été tués et environ 15 000 personnes ont été arrêtées. Le pouvoir militaire égyptien a franchi un nouveau cap le 21 juin, en confirmant la condamnation à mort de 183 membres ou sympathisants présumés des Frères musulmans, portant le nombre des condamnations à mort confirmées à 247. L’Égypte n’avait pas vu d’exécutions depuis octobre 2011, or sept condamnés ont été exécutés en juin, mettant un terme à un moratoire de fait. Dans une autre affaire, neuf personnes, dont trois journalistes d’Al Jazeera, (parmi eux un Australien et un Canadien), ont été condamnées le 23 juin à des peines allant de 7 à 10 ans d’emprisonnement, tandis que les onze condamnés par défaut (dont trois journalistes, hollandais ou anglais) se voyaient infliger des peines de dix ans d’emprisonnement. Lorsqu’ils étaient aux responsabilités, les Frères musulmans et Mohamed Morsi avaient également réprimé les opposants et le mouvement populaire. Mais rien ne saurait justifier pour autant la répression actuelle, dont l’objectif est en réalité de faire taire et de dissuader toute contestation.
Offensive contre la gaucheDepuis l’arrivée au pouvoir du Maréchal Al-Sissi, les militantEs de gauche font face à une vague de répression pire que celle en vigueur avant la révolution de 2011. Suite à la loi criminalisant les mouvements sociaux, des peines allant de 3 ans à 15 ans de prison ont été prononcées pour participation à des manifestations pacifiques. Samedi 21 juin, plusieurs organisations de gauche et du centre appelaient à une manifestation au Caire pour dénoncer cela. Cet appel a donné lieu à diverses initiatives le même jour dans plusieurs capitales dans le monde, dont Paris. Au Caire, quinze minutes après le début du rassemblement, la police a commencé à attaquer le rassemblement avec des gaz lacrymogènes et a procédé à des arrestations ciblées. Sur la cinquantaine d’arrestations, 22 militantEs sont détenus dans les prisons égyptiennes dans l’attente d’un procès qui, on le sait, ne sera pas équitable dans la mesure où la justice est inféodée au pouvoir en place.
Une nécessaire campagne contre le retour de l’ancien régimeLa volonté du Maréchal-Président Sissi de remettre pleinement en place « l’ordre » avant 2011 ne semble plus à démontrer. Il s’appuie pour cela sur un appareil d’État pour l’essentiel inchangé depuis l’époque de Moubarak. La seule inconnue est la capacité du mouvement social à se lancer dans une contre-offensive, ainsi que celle de la gauche à proposer une alternative crédible, en rupture avec le capitalisme néolibéral des militaires et des Frères musulmans. Pour y parvenir, le peuple égyptien a plus que jamais besoin de notre soutien.
Tom Lenoir