Publié le Jeudi 29 septembre 2011 à 21h39.

Élections au Parlement de Berlin, échec de la coalition de gauche

Le résultat des élections au Parlement du Land de Berlin, le 18 septembre, a présenté quelques surprises – moins sur la gauche que dans le camp des couches moyenne et de la jeunesse éduquée.

À gauche, le gouvernement sortant, une coalition social-démocrate et gauche (SPD-Die Linke), a clairement perdu les élections : le SPD a perdu 2,5 %, Die Linke 1,7 %. Le recul est moins prononcé en chiffres absolus parce que la participation au scrutin a légèrement augmenté (de 58 % à 60,2 %). Toutefois, il faut constater que Die Linke a non seulement baissé en votes et en sièges, mais elle a surtout perdu ses deux derniers fiefs, deux quartiers de Berlin (Marzahn et Lichtenberg) où elle était jusque-là le premier parti. Elle a dû laisser la place au SPD.

Cela peut être compris comme un symbole du recul progressif de Die Linke en Allemagne de l’Est, dû pour une part à la biologie (une grande partie de son électorat se compose de vieux et de très vieux), mais aussi à son orientation pro-gouvernementale et la politique droitière qui s’ensuit. À Berlin, comme dans d’autres régions, elle a soutenu la privatisation de la compagnie de l’eau, autrefois communale, et a tout fait pour empêcher un référendum sur sa remunicipalisation, une bataille que les citoyens de la ville ont d’ailleurs gagné contre le gouvernement et donc aussi contre Die Linke. Die Linke a soutenu également la privatisation des logements, ce qui a fait monter considérablement les prix des loyers. Berlin est en train de perdre son statut de capitale aux prix bas et aux terrains sauvages grâce à la coalition des partis prétendus de gauche.

Déjà en 2006, Die Linke avait perdu sa place au gouvernement de Mecklenburg-Pomeranie. Il ne reste plus que le Land de Brandebourg où elle fait encore partie d’une coalition gouvernementale. Pour la droite du parti c’est une sérieuse défaite.

Le SPD (28,3 %), bien qu’ayant reculé lui aussi, reste le premier parti à Berlin et formera une coalition avec les Verts, qui avec 17,6 % ont gagné 4,5 %, ce qui est moins que prévu (l’effet Fukushima avait été quelque peu affaibli). Les plus fortes turbulences se sont produites dans le camp libéral. Le parti de la droite libérale, le FDP, s’est littéralement effondré, il a fait 1,8 %. Dans certains endroits, il a même été devancé par le Parti des protecteurs des animaux... D’autre côté est né du néant le Parti des Pirates, qui a obtenu 8,9 % du premier coup. Ce sont des jeunes inexpérimentés en politique dont le programme se résume en deux points : liberté absolue sur l’internet et transparence absolue dans la façon de faire de la politique. Le reste de leur programme a été rassemblé par leurs sympathisants sur internet : une allocation universelle, un salaire minimum, la protection du consommateur... La moitié environ de son électorat vient d’abstentionnistes et de ceux qui s’appellent les « autres », l’autre moitié vient des Verts et de la gauche (SPD et Die Linke à parts égales). Dans une circonscription électorale « verte » à Berlin-Est, les Pirates on récolté 26,2 % des voix, mais ils ont fait aussi 22,8 % dans une circonscription mi-ouvrière, mi-bohème de Berlin-Ouest.

Toutefois, ces votes expriment une préoccupation sociale qui prend une forme distincte de celle que nous connaissons traditionnellement. 36 % d’entre eux étaient sensibles au thème de la « justice sociale », 18 % à la politique de l’emploi. Ce n’est plus la même chose…

Angela Klein