Une semaine après la réunion des « grands de ce monde » à Davos, le désormais traditionnel Forum social mondial s’est ouvert à Dakar, le 2 février dernier. Nos correspondants sur place nous en retransmettent l’ambiance. Mardi 8 février, les premiers ateliers ont commencé à se tenir, ou plutôt ont cherché à le faire. Les organisateurs et participants ont en effet consacré une grande partie de leur temps à chercher à récupérer le programme des activités, puis à se rendre dans la salle prévue, pour découvrir enfin que celle-ci était en fait occupée par des étudiants venus assister à un cours.
La direction de l’Université n’avait en effet accordé les salles que la veille de l’ouverture du FSM, et le Forum s’est mis en place en catastrophe, au sein d’un campus déjà surpeuplé en temps normal. Par le bouche à oreille, les affichettes manuscrites, les SMS et les mails, les ateliers ont néanmoins fini par se mettre progressivement en place. Et de cette joyeuse pagaille ont alors surgi des échanges d’autant plus riches que tout semblait indiquer qu’ils étaient devenus improbables. Les inconvénients matériels de cette cohabitation se sont finalement transformés en un avantage : de nombreux étudiants ont ainsi eu l’occasion de faire connaissance avec un Forum dont ils ne savaient souvent auparavant que ce que les médias avaient pu en dire. Bien présomptueux serait celui qui prétendrait avoir une vue globale : tout le monde galère à organiser et/ou à trouver quand et où se tiennent les activités recherchées.Malgré des conditions difficiles, tout indique que ce Forum social devrait être un succès comme en témoignent, par exemple, le dynamisme des caravanes venues des provinces du Sénégal, du Burkina Faso ou du Mali, ou encore le Forum des femmes de Kaolack qui a regroupé 750 personnes, dont 80 % de femmes. Signe des temps, toutes les sensibilités syndicales sénégalaises ont réussi à débattre ensemble deux journées de suite sur la crise, les moyens à mettre en œuvre pour que le « travail décent » ne soit pas un simple slogan, ou encore la place des femmes dans le syndicalisme. Le dimanche 6, la manifestation d’ouverture a vu une affluence que les rues de Dakar n’avaient pas connue depuis de longues années. Le ministre de l’Intérieur sénégalais n’a pas hésité à avancer le chiffre de 70 000 à 100 000 personnes, de quoi réunir, pour une fois, les chiffres de la police et des organisateurs. En parallèle au programme officiel, d’innombrables échanges ont lieu.C’est ainsi qu’Olivier Besancenot, accompagné de la délégation du NPA, a été invité vendredi 4 à prendre la parole dans une réunion nationale de YAW, une organisation où se retrouvent nombre de militantEs de la gauche radicale sénégalaise. Dans la foulée, une rencontre a eu lieu entre des organisations anticapitalistes et anti-impérialistes de divers pays. Lundi 7, Olivier a rencontré plusieurs responsables syndicaux s’inscrivant dans une orientation de lutte. Un riche échange a eu lieu sur les luttes sociales dans les deux pays ainsi que leur articulation avec les luttes politiques. Au-delà de la diversité des situations, il en ressortait notamment la préoccupation commune d’en finir avec le pouvoir en place dans les deux pays, sans pour autant remettre en selle les politiques menées par les socialistes lorsqu’ils étaient auparavant au pouvoir, en France comme au Sénégal. Correspondants