Publié le Mercredi 2 novembre 2022 à 10h23.

Israël: apartheid électoral

À l’occasion des élections en Israël (1er novembre), l’ONG israélienne B’Tselem a mis en ligne un texte rappelant à quel point les PalestinienEs d’Israël, même si elles et ils peuvent participer au scrutin, sont structurellement discriminés, y compris lors des élections.

Les quelque 1,7 million de Palestiniens ayant le statut de citoyen israélien peuvent, comme les citoyens juifs, participer aux élections générales. Ils peuvent voter pour leurs candidats, créer leurs propres partis ou rejoindre des partis existants. Cependant, leur participation politique est considérée comme illégitime depuis la création de l’État, ce qui s’accompagne de tentatives visant à leur restreindre, voire à leur refuser la possibilité d’une véritable représentation politique.

Une présence illégitime ?

Le message est clair : la participation politique des citoyens palestiniens n’est pas, et ne doit pas être, égale à celle des citoyens juifs. Elle est souvent considérée comme une tentative de saper le monopole des citoyens juifs sur le pouvoir politique dans la région située entre le Jourdain et la mer Méditerranée. C’est la raison pour laquelle les résolutions de la Knesset qui sont adoptées grâce aux votes des députés palestiniens, et donc sans qu’il y ait une véritable majorité juive, sont largement considérées comme illégitimes.

La participation politique des citoyens palestiniens est également limitée par la Loi fondamentale, Knesset, section 7a, adoptée en 2002, qui stipule qu’un candidat ou une liste de candidats peut se voir interdire de se présenter à la Knesset si ses actions ou ses objectifs incluent explicitement ou implicitement « la négation de l’existence de l’État d’Israël en tant qu’État juif et démocratique ». Le Comité central des élections — un organe composé de représentants de divers partis politiques — s’est appuyé à plusieurs reprises sur cette clause pour disqualifier les candidats et les listes palestiniennes, arguant que leur lutte civile pour une égalité totale viole la clause car elle nie l’existence d’Israël en tant qu’État juif.

« Nous ne leur donnerons pas l’égalité nationale »

Le message aux Palestiniens et à leurs candidats est clair : ne cherchez pas à obtenir la pleine égalité et la reconnaissance des droits nationaux collectifs. Exiger l’égalité sur des questions telles que la terre, l’immigration et les emblèmes nationaux est perçu comme une négaition des principes constitutionnels d’Israël, car cela porte atteinte à la définition du pays en tant qu’État juif. Le Premier ministre Yair Lapid a récemment énoncé ce principe, en déclarant : « Vingt pour cent de la population sont des Arabes. Nous pouvons et devons leur accorder l’égalité civile... En revanche, nous ne leur donnerons pas l’égalité nationale, car Israël est le seul État dont disposent les Juifs. »

Les citoyens palestiniens qui choisissent de participer au processus électoral n’ont d’autre choix que d’entrer sur le terrain politique les mains liées. Les partis qui les représentent n’ont pas le droit de remettre en question les principes fondamentaux du régime qui les dépossède et les opprime. Ils ne peuvent pas essayer d’abolir les lois et les dispositifs qui leur portent préjudice et qui sont considérés comme des caractéristiques de l’État juif. Ils ne peuvent pas lutter pour un principe démocratique fondamental : l’égalité totale pour tous ceux qui vivent sous le même régime. Ce sont des limites à la participation politique des seuls citoyens palestiniens. Peu importe ce qu’ils font ou comment ils votent : constitutionnellement, leur voix a moins de valeur.

Version intégrale (en anglais) sur btselem.org