Malgré une terrible répression menée par Kadhafi et ses fils, le peuple libyen continue de réclamer la fin de la dictature qui dure depuis 42 ans.En France, il est urgent d’organiser le soutien en créant des collectifs, en organisant des réunions publiques... réunissant l’ensemble des forces de gauche. Malgré une censure totale, la dictature sanglante de Muammar Kadhafi ne peut plus aujourd’hui cacher, ni l’horreur ni l’ampleur de la répression en cours en Libye.
Après avoir nié, puis sous-estimé le chiffre des victimes des massacres de masse commis par la garde présidentielle, elle assume pleinement ses actes.
Saef al Islam, un des fils du « guide », avait d’ailleurs clairement annoncé les intentions du régime dès la semaine dernière : « Ce sera la guerre civile et nous ne pleurerons pas 84 morts, mais des milliers et il y aura des rivières de sang ». Qui pourrait en douter, quand on sait que ce même pouvoir n’avait pas hésité en 1996 à liquider 2 000 prisonniers politiques islamistes, ni à tirer le 17 février 2006 sur une manifestation en direction du consulat italien, faisant quatorze morts ? Cette date proclamée depuis « jour de la colère » a constitué le signe de départ et de ralliement du soulèvement actuel. Qui pourrait en douter après avoir vu ces avions de guerre mitraillant une foule de manifestants ? Les images aujourd’hui sont comme les internationalistes que nous sommes, elles ne reconnaissent pas les frontières et ne permettent plus les massacres à huis clos. Et c’est bien la ferveur communicative des révolutions égyptienne et tunisienne qui alimente les insurgés de Benghazi, Musratha ou Tripoli. C’est bien la fuite précipitée de Ben Ali et le départ contraint de Moubarak qui ont permis de transformer ce qui relevait de la douce utopie, il y a à peine deux mois, en un objectif réalisable. Mais ce n’est qu’un début, les révolutions arabes n’ont pas fini de nous surprendre. Si terrible que soit la répression actuelle, elle ne peut plus entraver le cours de la révolution. Plusieurs villes importantes sont déjà sous contrôle des insurgés, des commissariats et des préfectures sont en feu. Le régime monolithique se fissure inéluctablement et les défections d’ambassadeur se multiplient. Combien de temps ce gouvernement peut-il encore tenir, quand un des piliers du régime, le ministre de la Justice, Mohamed Abdeljali, vient de démissionner. Soutien aux révolutionsEn massacrant sans état d’âme une partie de la population, Kadhafi s’interdit, dans le contexte actuel, de bénéficier d’une quelconque aide extérieure pour sauver sa peau. La fuite en avant dans la répression n’y changera rien. Le vieux dictateur au pouvoir depuis 42 ans, battant en longévité ses collègues Moubarak et Ben Ali, veut encore croire à sa bonne étoile. Il espère rebondir une fois de plus, et sauver la mise grâce aux ressources financières immenses que lui procure le pétrole. C’est sans compter sur le changement radical des relations internationales que les révolutions imposent aux États impérialistes. L’ONU, qui en 2003 avait décidé la levée de l’embargo de la Libye, en échange de la signature du traité de non-prolifération nucléaire, a décidé la mise en place immédiate d’une commission d’enquête internationale indépendante pour déterminer les responsabilités du régime dans les massacres actuels. Kadhafi, comme Ben Ali et comme Moubarak est devenu tout à coup infréquentable, même aux yeux de ceux qui, il y a quelques mois encore, l’accueillaient en grande pompe et l’invitaient à planter sa tente dans les jardins de la présidence à Paris ou à Rome. Son ami Hugo Chàvez chez qui selon de fausses rumeurs il s’était réfugié, se fait aussi très discret. La manne pétrolière libyenne (90 % des recettes du pays), tant convoitée par l’Occident sera un enjeu de taille, n’en doutons pas, pour tous ceux qui, la dictature tombée, viendront proposer leur aide à la mise en place d’un nouveau régime. L’avenir de la révolution libyenne doit être l’œuvre des Libyens eux-mêmes. Sans ingérence des impérialistes, en liaison et en harmonie avec les autres peuples engagés dans des processus révolutionnaires. Le NPA est pleinement mobilisé dans le soutien aux révolutions en cours au Maghreb et au Moyen-Orient. Il invite tous ses militants et sympathisants à rejoindre partout où ils existent les comités unitaires de soutien et à prendre l’initiative d’en créer là où c’est possible. L’évolution de la situation en Libye exige que nous prenions toute initiative pour se mobiliser dans les prochains jours contre la répression du mouvement populaire. Nous pensons qu’il est temps de mettre en place des cadres de discussions qui permettent de mutualiser les avancées des différentes expériences révolutionnaires. C’est dans ce sens que nous appelons à organiser un grand meeting de solidarité avec les révolutions arabes, avec les autres forces politiques de la gauche française ainsi que tous les collectifs engagés dans le soutien. Alain Pojolat