Publié le Mercredi 16 décembre 2020 à 10h23.

Le gouvernement allemand embourbé dans la crise sanitaire

Il est révolu le temps où le gouvernement allemand vantait sa bonne gestion sanitaire dans les médias internationaux. La « Corée du Sud européenne » ressemble de plus en plus à la France du printemps.

Après un plateau à presque 20 000 tests positifs par jour pendant près d’un mois, les chiffres sont remontés début décembre, avec un nouveau pic le 10/12 à presque 30 000 nouveaux cas. Si le nombre quotidien de morts reste bien inférieur à d’autres pays, les 604 décès enregistrés vendredi 11 décembre marquent un record et portent le total de victimes aux alentours de 22 000.

Irresponsabilité individuelle ou incompétence gouvernementale ?

Depuis le début de la pandémie, le gouvernement allemand avait choisi de ne pas imposer de mesures strictes de confinement. Hormis quelques entreprises forcées de fermer en mars pour cause de garde des enfants et d’arrêts maladie (mais aussi de la rupture des chaînes d’approvisionnement), l’économie n’a jamais cessé de tourner. Le gouvernement fédéral a largement délégué la gestion sanitaire aux gouvernements régionaux… et à la responsabilité individuelle.

Lycées, entreprises et grandes surfaces sont restés ouverts. Les restrictions sur les loisirs et la fermeture des petits commerces semblent avoir comme principal effet de couler ces derniers, malgré des compensations plus élevées qu’en France.

La gestion de la pandémie est aussi devenue une course à la publicité : des gouvernants régionaux se pavanent devant des caméras et micros nationaux en quête d’un poste ministériel, voire pour les plus ambitieux d’une succession à Merkel. Pas de quoi freiner le virus : de plus en plus de régions, de villes ou d’hôpitaux dépassent les seuils critiques.

Le « confinement partiel » prévu pour « sauver Noël » (et les ventes qui vont avec) paraissait à tel point dépassé que l’État fédéral et les 16 gouvernements fédéraux se sont finalement accordés sur un confinement plus rigoureux du 16 décembre au 10 janvier : télétravail, restriction de l’accueil des enfants dans les écoles et les crèches, rassemblements limités (pas plus de cinq à table à Noël !)… Toujours plus de culpabilisation individuelle, mais pas question de fermer les entreprises pour autant : « l’équilibre entre santé et ­économie » c’est sacré !

Le vaccin et les sceptiques

Les « manifs corona » contre la politique sanitaire du gouvernement (fortement influencées par la sphère complotiste anti-masques et l’extrême droite) ont perdu en audience avec cette montée épidémique. Mais il reste de fortes minorités qui affrontent parfois une police violente lors de manifestations. Le gouvernement les désigne comme boucs émissaires : ses mesures seraient justes et suffisantes... si seulement tout le monde les respectait !

Il semble surtout que Merkel et compagnie veulent « tenir » jusqu’à l’arrivée du vaccin, sans que le durcissement des mesures sanitaires impacte trop les patrons. Un vaccin made in Germany co-produit par la firme pharmaceutique BioNTech. Malgré tout, la méfiance demeure face à cette campagne de vaccination express. Certes alimentée par les anti-vaccins dans les « manifs corona », mais aussi par les mesures contradictoires des gouvernants… qui comptent sur le succès du vaccin pour redorer leur blason.

En fait, le mécontentement dépasse de loin la mouvance anti-confinement qui s’active sur les réseaux d’extrême droite. Les travailleurEs qui subissent cette situation ont bien des choses à redire contre ce gouvernement. Qu’ils fassent entendre leur voix, c’est ce qu’on peut souhaiter pour l’année 2021 !