Publié le Mardi 26 octobre 2021 à 17h50.

Le gouvernement israélien s’attaque à six organisations de défense des droits humains

Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a déclaré vendredi 22 octobre que six groupes palestiniens de défense des droits humains de premier plan étaient des « organisations terroristes ».

 

L'ordonnance du ministère de la Défense accuse les groupes de servir de « bras du Front populaire de libération de la Palestine », un parti politique de gauche interdit par Israël, les États-Unis et l'Union européenne en raison de son opposition à la normalisation avec Israël.

« Les défenseurs des droits humains ne sont pas des terroristes »

Certains des six groupes visés — Al-Haq, Addameer, Defense for Children International Palestine, l'Union des comités de femmes palestiniennes, l'Union des comités de travail agricole et le Bisan Center for Research and Development — ont coopéré étroitement avec la Cour pénale internationale dans le cadre de son enquête sur les crimes de guerre en Cisjordanie et à Gaza.

La conduite de Gantz pourrait faire l'objet d'un examen minutieux de la part de la CPI, étant donné qu'il a perpétré à deux reprises d'importants massacres de Palestiniens dans la bande de Gaza, en tant que chef d'état-major de l'armée en 2014, et en tant que ministre de la Défense plus tôt cette année, lorsqu'il avait juré « [qu’]aucune personne, aucune zone ou aucun quartier de Gaza n'est à labri. »

Mary Lawlor, rapporteuse spéciale de l'ONU sur les défenseurs des droits humains, a réagi à cette « nouvelle inquiétante » vendredi 22 octobre en déclarant que « les défenseurs des droits humains ne sont pas des terroristes et ne devraient jamais être dénigrés de la sorte. »

Israël cherche depuis longtemps à diffamer et à saboter le travail des groupes palestiniens de défense des droits humains qui cherchent à mettre fin à l'impunité israélienne, tandis que de hauts responsables et des groupes de pression israéliens accusent sans fondement ces groupes d’« armer » la CPI contre les États-Unis et Israël.

« Caractéristique des régimes totalitaires »

La désignation comme groupe terroriste ne fera qu'aggraver la répression subie depuis longtemps par les défenseurs palestiniens des droits humains et « met de fait hors-la-loi les activités de ces groupes de la société civile », ont déclaré Amnesty International et Human Rights Watch vendredi 22 octobre. « Elle autorise les autorités israéliennes à fermer leurs bureaux, à saisir leurs biens et à arrêter et emprisonner les membres de leur personnel, et elle interdit de financer ou même d'exprimer publiquement un soutien à leurs activités », ont ajouté les groupes de défense des droits.

B'Tselem, un groupe israélien de défense des droits de l'homme, a déclaré que cette désignation était « caractéristique des régimes totalitaires, dans le but évident de faire disparaître ces organisations. » Adalah, un groupe défendant les droits des Palestiniens en Israël, a déclaré que cette mesure était « une attaque contre l'existence palestinienne elle-même et le droit des Palestiniens à lautodétermination ». Le groupe a ajouté que la désignation « constitue une persécution politique sous prétexte de législation antiterroriste, car elle met des milliers de Palestiniens en danger direct et immédiat ».

Shawan Jabarin, le directeur d’Al-Haq, qui a fait l'objet d'interdictions de voyager par Israël et de menaces de mort, a mis au défi les autorités israéliennes de prouver leurs affirmations : « Ils peuvent être en mesure de nous faire fermer. Ils peuvent saisir nos financements. Ils peuvent nous arrêter. Mais ils ne peuvent pas arrêter notre conviction ferme et inébranlable que cette occupation doit être tenue responsable de ses crimes », a déclaré Jabarin aux médias israéliens.

Traduction J.S.

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