Publié le Mercredi 21 avril 2021 à 10h00.

Le rouleau compresseur de la répression judiciaire à Hong Kong

De lourdes peines de prison viennent d’être prononcées contre dix figures de premier plan de l’opposition à Hong Kong.

Au total, le bilan global des condamnations pour les manifestations non autorisées des 18 et 31 août 2019 est le suivant :

Quatre hommes et une femme : 8 à 18 mois de prison ferme

- Leung Kwok-hung surnommé « Long Hair », League of Social Democrats, 18 mois (actuellement en détention provisoire dans l’attente d’une autre inculpation présentée ci-dessous) ;

- Lee Cheuk-yan, notamment secrétaire général de la centrale syndicale HKCTU, 14 mois ;

- Jimmy Lai, grand patron de presse, 14 mois ;

- Au Nok-hin, anciennement membre du Democratic Party, 10 mois (actuellement en détention provisoire dans l’attente d’une autre inculpation présentée ci-dessous) ;

- Cyd Ho, Civic Party, 8 mois.

Quatre hommes et une femme : 8 à 12 mois de prison avec sursis

- Margaret Ng, Civic Party, 12 mois ;

- Albert Ho, Democratic Party, 12 mois ;

- Martin Lee, Democratic Party, 11 mois ;

- Yeung Sum, Democratic Party, 8 mois.

- Leung Yiu-chung, Neighbourhood and Worker’s Service Centre (NWSC), 8 mois.

Un procès est par ailleurs programmé contre 47 figures de premier plan de l’opposition

La plupart d’entre eux/elles sont en détention provisoire depuis le 28 février. Les peines encourues peuvent aller jusqu’à la prison à vie.

Parmi eux/elles :

- Carol Ng, présidente de la centrale syndicale HKCTU,

- Winnie Yu, présidente du syndicat HAEA du personnel de l’hospitalisation publique,

- Leung Kwok-hung surnommé « Long Hair », déjà condamné à 18 mois de prison ferme (voir ci-dessus) ;

- Au Nok-hin, déjà condamné à 10 mois de prison ferme (voir ci-dessus).

Autres procédures en cours

Parmi les 10 242 personnes arrêtées depuis le printemps 2019, 2 521 font l’objet de poursuites judiciaires. Parmi elles et eux, 720 ont été inculpéEs pour émeute et risquent des peines pouvant aller jusqu’à la prison à vie (état au 9 avril).

Extrait du discours de Lee Cheuk-yan face au tribunal

«Cela fait quarante-trois ans que je lutte et votre Honneur doit comprendre la profonde douleur que j’ai ressentie en voyant le pouvoir d’État utiliser la force brutale contre le peuple, en étant le témoin des sacrifices de tant de Hongkongais qui ont été blessés, emprisonnés ou exilés, mais aussi en voyant que le peuple était privé de ses droits fondamentaux et en constatant la régression de la démocratie.

J’ai vu mon idéal s’effondrer mais je continuerai la lutte même si les ténèbres nous environnent. C’est un idéal pour lequel je suis prêt à subir toutes les sanctions.

Votre Honneur peut dire que la loi est la loi et que je ne semble pas montrer de remords pour avoir violé la loi dans ce procès où l’on juge les événements du 31 août 2020.

J’espère que Votre Honneur comprendra l’importance capitale que j’accorde au droit à la liberté d’expression par la parole ou la manifestation. C’est le seul moyen dont disposent les faibles et les opprimés pour redresser les torts qui leur sont faits. S’ils en sont privés, j’appellerai cela de la violence systémique à l’égard du peuple et je ne veux pas que Hong Kong soit gouverné sur la base d’une telle violence systémique. C’est pourquoi je ferai tout mon possible pour affirmer le droit des gens à marcher dignement et pacifiquement pour s’exprimer. »