C’est ce qu’ont exigé les 1 500 participantEs au meeting du 18 juin à Biarritz, dont plusieurs représentantEs de partis, syndicats, associations et de nombreux éluEs. Le meeting a été marqué par la réapparition d’Aurore Martin à la vie publique et politique, après être restée cachée durant six mois. Sous le coup d’un mandat d’arrêt européen (MAE) émis par l’Audiencia Nacional espagnole et validé par l’État et la justice français, elle peut à tout moment être arrêtée par la police française qui la remettra aux autorités espagnoles. Elle risque jusqu’à 12 ans de prison (voir Tout est à nous ! n° 107) pour s’être exprimée publiquement au Pays basque espagnol en tant que militante de Batasuna, organisation indépendantiste interdite en Espagne mais légale en France.
Aurore Martin, sous les acclamations, est intervenue avec émotion, remerciant les personnes qui l’ont hébergée, le Collectif Pays basque et son travail de fond pour organiser la mobilisation. Elle a expliqué son retour par des conditions politiques favorables, signifiant par là d’une part le succès de la coalition indépendantiste Bildu aux récentes élections municipales et régionales de fin mai en Espagne, d’autre part l’importance de la mobilisation contre le MAE. L’intervention de Michel Tubiana, président de la Ligue des droits de l’homme, qui n’a pu se déplacer à Biarritz à cause d’un accident mais qui a tenu à manifester et expliciter son soutien en envoyant une vidéo, est venue confirmer que la mobilisation pour le respect des droits d’opinion, d’expression, de réunion s’étend bien au-delà du Pays bBasque. Dans le même sens, la présence de Didier Borotra, sénateur-maire centriste de Biarritz, au côté d’Aurore, a été remarquée. Il avait par ailleurs, lors d’une interview, déclaré « le comportement de la France inacceptable », être « du côté d’Aurore et que son extradition serait une faute politique et même juridique ».
Aurore a annoncé reprendre ses activités politiques à Batasuna ainsi qu’une vie publique normale, sans illusion sur le fait qu’elle sera livrée à la justice espagnole, cette « justice » qui utilise la torture. Elle a terminé son intervention sur les deux mots d’ordre « Euskal presoak etxerat (Les prisonniers basques à la maison) » et « Gora Euskadi askatuta (Vive le Pays basque libre) ».
Pour le Collectif Pays basque, ce 18 juin est une étape importante et réussie dans la bataille contre le MAE, cet outil liberticide qui permet de museler les expressions politiques et qui menace toutE militantE européenNE. Différentes composantes de la société civile, différents courants politiques, syndicaux, associatifs, ont mis en place un cadre de travail commun, indépendamment de leur appréciation politique sur la situation au Pays basque, unis pour exiger le respect des droits démocratiques. Ce cadre doit perdurer et permettre de définir d’autres initiatives – c’est du moins l’objectif du Collectif – pour que cessent les poursuites envers Aurore Martin et touTEs les autres (il ne faut pas oublier que de très nombreux militantEs basques du Sud ont déjà été victimes du MAE), pour l’abrogation du MAE, pour les droits civils et politiques.
Claude LarrieuDernière minute : Mardi 21 juin à 15 heures, Aurore a échappé de peu à une arrestation policière, grâce à l’intervention de plus de 200 militants basques.