Publié le Vendredi 14 février 2025 à 09h00.

Manifestations de masse contre un nouveau virage à droite du « centre démocratique »

Fin janvier 2025, Merz, le « candidat à la chancellerie » du parti conservateur CDU/CSU, a délibérément brisé le tabou. Il a déposé au Bundestag deux motions et un projet de loi visant à détruire ce qui reste du droit d’asile et à développer encore plus l’État de surveillance.

Il a utilisé le soutien enthousiaste de l’AfD fasciste pour ses manœuvres racistes. Ainsi, pour la première fois, le « mur de feu » tant vanté contre les pyromanes de l’extrême droite est tombé au Parlement national allemand.

Pour conquérir les voix lors des élections fédérales qui auront lieu le 23 février, Merz mise à fond sur le thème de la lutte contre l’immigration « irrégulière ».

Plus qu’une tactique, une stratégie : renforcer les milliardaires

La manœuvre de la CDU de Merz (et de ses soutiens) au Bundestag dessine le projet d’une nouvelle poussée vers l’extrême droite. Le processus d’adaptation rapide du « centre démocratique » à l’AfD et à son mépris de l’humanité est toutefois bien plus qu’une simple tactique électorale.

Derrière se cache la stratégie d’une restructuration autoritaire de l’État, une sorte de « trumpisme made in Germany ». Elle vise à renforcer encore le pouvoir des milliardaires et des entreprises face aux crises et aux guerres mondiales. Elle a été préparée dès 2024 avec le catalogue de revendications des associations de capitaux pour « plus de compétitivité ». 

Les campagnes menées depuis et massivement renforcées par les médias, surtout contre la « migration irrégulière », mais aussi contre le « déclin de l’économie allemande », contre « trop de bureaucratie », contre les chômeurEs « qui craignent le travail » et les salariéEs « qui fêtent leur maladie », renforcent politiquement cette stratégie.

Une politique d’adaptation du SPD et des Verts

Au lieu de s’opposer de manière offensive aux attaques croissantes contre les droits des réfugiéEs, des femmes, des bénéficiaires du revenu de citoyenneté, des chômeurEs et des salariéEs, les dirigeantEs du SPD et des Verts s’adaptent à la pression de ce bloc de droite.

Avec leur propre politique migratoire, ils offrent au racisme et à la haine de droite un espace supplémentaire pour se répandre. On connaît la chanson : copier l’original de droite ne fait que le renforcer, sans consolider les imitateurs qui se vantent d’être un « moindre mal ».

Mais ce que Merz en particulier et la majorité du groupe parlementaire de la CDU/CSU qui le soutient n’avaient pas prévu, ce sont les manifestations de masse qui ont suivi leur coup minable de fin janvier 2025. Selon les sondages d’opinion, le principal bénéficiaire de ces protestations est d’ailleurs actuellement le parti réformiste Die Linke, qui se bat pour rester au Bundestag.

Construire la riposte

Plus de 1,2 million de personnes selon les chiffres de la police, donc bien plus en réalité, ont manifesté dans tout le pays jusqu’au 8 février 2025 contre la collaboration de la CDU de Merz avec l’AfD.

Cette énorme vague de protestations anti­fascistes dépasse même les vagues d’indignation de janvier 2024, lorsque les cyniques plans de « remigration » de l’extrême droite ont été rendus publics par le réseau de recherche Correctiv. 

La CDU/CSU « chrétienne » ne s’attendait pas non plus à la critique virulente de l’incitation à l’expulsion venue des dirigeants des églises protestantes et catholiques. 

Le « mur de feu » parlementaire tant évoqué contre l’AfD s’est en tout cas révélé être une illusion. Seule la résistance active, unitaire et solidaire de toutes celles et ceux qui défendent sans réserve les droits humains et les droits fondamentaux permet de lutter contre le fascisme. Mais où sont les initiatives des syndicats nationaux pour lutter contre le fascisme et les attaques intensifiées du grand capital ?

Heinrich Neuhaus