En Belgique aussi, le gouvernement se refuse à avoir une réelle politique d’accueil vis-à-vis des migrantEs. Nous publions un extrait d’un article de nos camarades de la Gauche anticapitaliste (Belgique).
Fin 2022, à l’occasion d’une manifestation devant le cabinet du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, l’avocate Marie Doutrepont rappelait que « les demandeurs d’asile ont droit à un hébergement en attendant le traitement de leur dossier, et ce, dès l’introduction de leur demande ». Elle ajoutait que « l’État belge persiste dans son refus de respecter le droit belge et la directive européenne concernant l’accueil des demandeurs d’asile ».
Déni des droits humains
Plusieurs droits fondamentaux sont régulièrement violés. Malgré plus de 8 000 condamnations judiciaires de Fedasil, auxquelles il faut ajouter plus de 150 condamnations par la Cour européenne des droits de l’Homme, la situation reste inchangée. L’État ne paie pas ses astreintes. Les requérants se retrouvent dans la rue pendant de longs mois. L’exécutif ne respecte pas la loi et ne respecte pas non plus le pouvoir judiciaire qui l’y condamne systématiquement. Ce déni des droits humains aggrave l’exclusion et la perte de l’identité sociale et individuelle, ainsi que la marginalisation de ces enfants, femmes et hommes dont certainEs ont choisi la Belgique comme pays d’accueil.
Les femmes sont particulièrement vulnérables et subissent ici aussi une double peine. Aux grandes difficultés auxquelles sont confrontées les personnes en transit et en recherche d’un hébergement, les femmes doivent encore faire face à l’exploitation économique et sexuelle, aux agressions sexuelles, aux abus, à la traite, à une plus grande discrimination… Leurs besoins spécifiques ne sont pas pris en compte. Il y a là vraiment de quoi s’inquiéter en matière d’État de droit.
Une politique xénophobe
Le mouvement de solidarité envers les réfugiéEs ukrainiens avait pourtant fait renaître chez certainEs l’espoir d’une politique d’accueil plus juste, pour toutes et tous. Il apparaît, au contraire, que racisme et opportunisme politique qui sous-tendent la politique migratoire de l’Union européenne et de ses États membres ont amené à une situation conflictuelle de par la sélection effectuée lors de l’entrée dans les lieux d’hébergement. L’accueil et l’aide accordés aux réfugiéEs ukrainienEs n’a pas eu son équivalent lors de l’arrivée de nombreuses personnes syriennes sur notre territoire en 2015 ou celle des AfghanEs en 2021. Cette discrimination illustre la politique xénophobe de notre gouvernement.
Les personnes migrantes sont encore trop régulièrement présentées comme des parasites paresseux et dangereux dont il convient, à tout le moins, de se méfier. Ces idées d’extrême droite souvent simplistes sont accentuées par le contexte de crise économique et climatique qui contribue au repli sur soi et alimente le sentiment de peur de l’étrangerE.
Les prochaines années verront des flux migratoires de plus en plus importants, il est donc urgent que cette politique de l’Europe forteresse soit fondamentalement repensée. Il n’y a pas de crise migratoire, il y a une crise de l’accueil des étrangerEs. La question de l’asile est perçue comme un problème, alors qu’elle est en réalité une opportunité et le fondement de toutes les sociétés : le partage des cultures, des connaissances et savoirs, des expériences de vie.
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