Alors que la ville de Gaza est réduite en cendres, l’attention médiatique se focalise sur les gesticulations autour d’une « reconnaissance de l’État de Palestine » vaine et empoisonnée. Nous ne devons pas perdre le cap de la solidarité par en bas, soutenir la Global Sumud Flotilla, isoler Israël et contrer le processus de normalisation.
L’assaut sur Gaza-City est en cours. L’armée israélienne détruit systématiquement les immeubles d’habitation, notamment les tours emblématiques. Les habitantEs sont contraintEs de rassembler quelques affaires et de fuir en quelques minutes. Objectif : rendre tout retour à la vie normale impossible dans une ville bien plus ancienne qu’Israël. Le reste de la bande est un cimetière géant. Une étude évalue à 200 000 le nombre de personnes tuées à Gaza depuis deux ans, 10 % de la population. Un massacre. Un génocide.
Une reconnaissance vaine et empoisonnée
Pourtant, l’Assemblée générale de l’ONU a entériné la résolution franco-saoudienne de « reconnaissance de l’État de Palestine », qui demande également un cessez-le-feu immédiat et l’accès à l’aide humanitaire à Gaza. Parmi les pays qui ont voté contre, on retrouve sans surprise les États-Unis, Israël, l’Argentine et la Hongrie. Malgré les apparences, cette résolution marque en réalité un recul des droits des PalestinienNEs. Elle ne mentionne ni crime de génocide ni crimes de guerre et elle n’est évidemment pas contraignante. Pire, selon l’analyse du ministère des Affaires étrangères français :
« … grâce à des engagements majeurs pris par l’Autorité palestinienne et par les pays arabes pour la paix et la sécurité de tous dans la région. Cette feuille de route passe par un cessez-le-feu immédiat à Gaza et la libération de tous les otages ; elle passe par l’établissement d’un État palestinien viable et souverain ; elle passe par le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance de Gaza ; elle passe par la normalisation entre Israël et les pays arabes. »
Ainsi, la sécurité d’Israël est systématiquement invoquée, jamais celle des PalestinienNEs. Le « processus de paix » dépend d’engagements pris par l’Autorité palestinienne, pas par Israël. La résolution exige le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance de Gaza — autrement dit, les PalestinienNEs sont dessaisiEs de leur droit à décider pour elleux-mêmes, et en réalité l’objectif est de leur interdire toute résistance armée. La véritable finalité de ce texte réside dans la carotte offerte à Israël : la normalisation avec ses voisins.
Amplifier la solidarité active
Mais cette normalisation même ne suffira probablement pas à arrêter Israël, qui a montré son aptitude à être en guerre avec tout le monde. Après avoir décimé une partie du gouvernement yéménite, Israël a tenté de bombarder la délégation du Hamas présente à Doha pour des négociations de cessez-le-feu à la demande des États-Unis. Outre que cela torpille littéralement le processus, il s’agit d’une intervention militaire dans un pays allié majeur de Washington. Il n’y a donc pas d’autre perspective, à court terme, que la fuite en avant d’Israël. Sans rapport de force, sans sanctions ni intervention militaire contre Israël, les résolutions n’auront aucun impact. Israël, ivre de son impunité, a affirmé à plusieurs reprises qu’il n’y aurait jamais d’État palestinien.
La seule solution est d’augmenter l’isolement politique et économique d’Israël. Des manifestations de solidarité active doivent venir défier Israël et son impunité. La mobilisation produit des effets : elle a contribué à l’annulation de la course cycliste de la Vuelta en raison de la participation de l’équipe israélienne. Il s’agit d’une brèche dans la normalisation et d’un exemple à suivre. Avec plusieurs dizaines de bateaux et près de 50 nationalités représentées, la flottille est repartie le 13 septembre. Les attaques incendiaires n’ont pas entamé la détermination. La Global Sumud Flotilla va donc devenir une focale du mouvement de solidarité. Il faut se tenir prêtEs à exiger que les gouvernements occidentaux n’autorisent pas un massacre dans les eaux internationales.
Édouard Soulier