Publié le Mercredi 23 mars 2016 à 19h13.

Obama à Cuba, débarquement libéral et impérialiste…

Obama est arrivé dimanche dernier à Cuba pour une visite historique, la première d'un président américain en exercice depuis 1928.  "Comment ça va Cuba ?" a-t-il lancé à son arrivée, désinvolte, comme s’il revenait chez lui après une longue absence…

Cette visite visait, selon la Maison blanche, à rendre "irréversible" le rapprochement entre les États-Unis et Cuba, amorcé en décembre 2014. Les relations diplomatiques ont été rétablies en juillet dernier mais l’embargo établi en 1961, durci jusqu’à l’absurde par les administrations Reagan et Bush, est maintenu du fait que les Républicains sont majoritaires au congrès. Rendre irréversible, c’est-à-dire intégrer définitivement Cuba au libéralisme mondialisé dans la sphère de domination des USA.

Certes, mardi au Grand Théâtre de La Havane, lors d’un discours retransmis en direct à la télévision nationale, Obama a proclamé ses volontés démocratiques : «Le futur de Cuba doit être entre les mains des Cubains […] Je pense que les citoyens devraient être libres d’exprimer leurs opinions sans peur, de critiquer leur gouvernement et de manifester de manière pacifique. Je pense que les électeurs devraient pouvoir choisir leur gouvernement lors d’élections libres et démocratiques.»  Raúl Castro n’a réagi que pour applaudir lorsqu’Obama a appelé le Congrès américain à lever l’embargo. En fait pendant ces trois jours de visite, Obama s’est comporté en territoire conquis s’adressant au peuple cubain par-dessus la tête de ses dirigeants. «Creo en el pueblo cubano !» a-t-il lancé pour conclure, « si se puede !», «yes we can» !

Il  a ignoré Fidel Castro qu’il n’a pas rencontré. Il était venu à Cuba pour «enterrer le dernier vestige de la guerre froide en Amérique» mais en aucun cas pour saluer la révolution de 1959 et son leader, désavouer la sinistre politique de l’impérialisme américain.

Bien au contraire, il s’agit de poursuivre cette politique de domination dans un cadre international nouveau, bouleversé par le développement du libéralisme et de reprendre pied en Amérique latine et dans les Caraïbes face à la concurrence des autres grandes puissances.

Il ne s’agit pas tant de contrer les ambitions espagnoles revues à la baisse que celles de la Chine dont les relations commerciales ont augmenté de 57% au cours des trois premiers trimestres de 2015. La firme chinoise Huawei d’équipement téléphonique et de cable (en plus de téléphones mobiles) est très active à La Havane.

Pour le moment, seules quelques rares entreprises ont effectivement signé des accords. AT&T signera bientôt un accord avec la compagnie étatique cubaine de télécommunications ETECSA ; Airbnb aussi pour la location d’appartements et de maisons particulières pour le tourisme; la compagnie téléphonique IDT et les importantes compagnies de téléphones cellulaires Sprint et Verizon ; Les chaînes hôtelières Starwood et Marriott. Les compagnies aériennes pourront bientôt proposer des vols commerciaux directs à Cuba…

Irréversible ? Oui, l’invasion capitaliste l’est mais elle prépare le terrain pour de nouvelles révoltes, une révolution internationaliste…

Yvan Lemaitre