Le Parlement portugais a voté la semaine dernière le budget pour 2011, véritable déclaration de guerre aux travailleurs, à toute la population, fuite en avant qui ne peut qu’aggraver l’atonie économique du pays, la récession, conséquence d’une politique qui sacrifie les intérêts de la population à ceux des banques. Alors que le pays s’enfonce dans la pauvreté, celles-ci exigent un tribut toujours plus lourd. Le gouvernement socialiste se plie à leur volonté. Les taux d’intérêt exigés par les banques pour prêter à l’État portugais dépassent maintenant les 7 %. Le gouvernement socialiste prétend ne pas avoir d’autre choix que de rassurer les agences de notation et les marchés financiers et pour cela de pratiquer des coupes drastiques dans le budget pour ramener le déficit public de 7,3 % du PIB en 2010 à 4,6 % en 2011. 5 milliards d’euros pour les banques, 5 milliards pris sur les services publics et les salaires des fonctionnaires ! Hausse de deux points de la TVA à 23 %, gel des retraites, baisse des salaires des fonctionnaires, plafonnement des aides sociales et des déductions fiscales sur les dépenses de santé, d’éducation et de logement.., ces attaques contre la population aggraveront la récession et entraîneront une hausse du chômage à plus de 11 % et de la précarité qui touche déjà plus de 20 % des salariés. Ce budget s’inscrit dans la logique des deux plans de rigueur déjà mis en œuvre, les plans de croissance et stabilité (PEC). Il en accentue les ravages, une spirale sans fin qui plonge le pays dans la pauvreté. C’est un gigantesque transfert de richesses qui s’opère, véritable pillage de la population. Loin de calmer les appétits du moloch financier, ces cadeaux les aiguisent.Confiants et sûrs de ramasser leurs mises, les financiers se sont rués sur les bons du Trésor à trois mois et à un an que vient d’émettre l’État pour un montant de 1,031 milliard d’euros. Ils achètent, le rendement est bon et les garanties solides en ces temps d’actions et d’obligations pourries... La crise n’a aucune fatalité, elle est bien la conséquence de la mainmise sur l’économie et toute la société d’une oligarchie financière avide, socialement irresponsable et qui se joue des États. Pour faire passer sa politique soumise à cette minorité, le gouvernement socialiste, minoritaire à l’Assemblée, a obtenu le soutien de la droite. Le Parti social-démocrate (PSD) s’est abstenu. C’est une véritable union nationale contre les classes populaires dont certains dirigeants du PS souhaitent qu’elle aille plus loin pour ne pas porter seuls la responsabilité d’une politique dont tout le monde sait qu’elle conduit le pays à la ruine.
Yvan Lemaitre