« Nous allons utiliser tous les éléments en notre pouvoir pour intercepter, détruire et vaincre les extrémistes violents qui nous menacent, qu'ils soient d'Afghanistan, du Pakistan, du Yémen ou de Somalie, ou de partout où ils préparent des attaques contre le sol américain », déclarait Obama fin 2009. Le nouveau prix Nobel de la paix n’a pas attendu longtemps pour montrer le vrai visage de sa politique tant sur le plan international que sur le plan économique et social. L’année 2010 a ruiné les illusions qu’il avait suscitées pour montrer une politique soumise à la défense des intérêts impérialistes, des banques et des multinationales qui pillent la planète. Loin de s'attaquer aux banques dont il avait promis début 2010 de limiter les activités spéculatives, il les a aidées au prix d’une augmentation constante du chômage et de la misère aux États-Unis.Dans le monde, cette politique des classes dominantes a eu les mêmes effets, alors que la spéculation a continué de plus belle, exacerbant les tensions sociales et internationales comme l’illustrent de façon dramatique ces moments qui jalonnent 2010. Le 12 janvier, à Haïti, un séisme fait 250 000 victimes et des millions de sans-abri parmi une population vivant déjà dans la misère, victime d’abord de l'exploitation coloniale de la France puis de l'impérialisme nord-américain. L'une des premières mesures d'Obama a été d'y envoyer 10 000 marines pour assurer transports et distributions de vivres mais aussi l'ordre impérialiste. L’aide est dérisoire, 100 millions de dollars débloqués par Obama, alors que l'intervention militaire des USA en Irak et en Afghanistan coûte chaque jour 377 millions. Le 11 février, les chefs d'État de l'Union européenne (UE) somment l'État grec de payer ses dettes, 18 milliards d'euros immédiatement et 53 milliards qu'il lui faudra débourser dans l'année. Plus de 70 milliards d’euros pour les banquiers qui spéculent sur la dette des États avec les capitaux que ces derniers leur ont donnés pour les renflouer depuis l'automne 2008. Le gouvernement socialiste se plie au diktat des banques et impose un plan drastique d’économies s’attaquant aux travailleurs et aux classes populaires. Le 12 février, l'Otan engage une offensive dans le sud de l'Afghanistan, la plus importante depuis le début de la guerre il y a huit ans. L’offensive menée grâce aux renforts militaires envoyés par Obama, loin du succès attendu, aggrave les tensions. La présence des forces d'occupation est de plus en plus rejetée par la population afghane à laquelle elles imposent le régime fantoche et corrompu de Karzaï. Le 6 mars, 93 % des électeurs islandais refusent de rembourser les 3,8 milliards d'euros de dette résultant de la faillite de la banque Icesave. Le gouvernement prétendait exiger que chaque Islandais s'acquitte d'une partie de la dette de cette banque, soit 12 000 euros par personne. Il a été contraint d'organiser un référendum et a été désavoué par une population qui refuse de payer les pots cassés par les « Vikings de la finance ». Le 11 avril, en Hongrie, la droite, dans l'opposition depuis huit ans, remporte une large victoire dès le premier tour des législatives, avec 52,7 % des voix. Le Parti socialiste, au pouvoir depuis 2002, s'effondre (19 %). Le Jobbik, parti d'extrême droite créé en 2003, envoie pour la première fois des députés au Parlement avec 16 % des voix – 2 % en 2006. Défendant une politique nationaliste et raciste, il s'en prend à la mondialisation, à l'UE, aux politiciens, aux juifs et surtout à la minorité rom (600 000 sur 10 millions d'habitants). Le désespoir des populations appauvries a fourni un terreau favorable à sa démagogie d'autant plus facilement que c'est un gouvernement « socialiste » qui a fait payer la crise à la population. Le 20 avril, l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique provoque la mort de 26 travailleurs et une gigantesque marée noire. La responsabilité de cette catastrophe humaine et écologique revient entièrement à la politique de rentabilité financière de BP qui a développé les exploitations offshore en haute mer sans aucun souci des risques. Le 5 mai, en Grèce, la grève générale déferle sur le pays, travailleurs du public et du privé paralysent les ports, les aéroports, ferment les boutiques… Un véritable soulèvement populaire contre le plan d’austérité de Papandréou. Le 17 mai, en Chine, les 1 850 travailleurs de l'usine Honda de Foshan, près de Canton, se mettent en grève pour des augmentations de salaire, paralysant l'activité des quatre usines de montage du groupe dans le pays. Ils obtiennent 35 euros de plus sur le salaire de base. S'ensuit une vague de grèves en Chine. Le pouvoir est contraint de relever de 20 % le salaire minimum, équivalant à 117 euros à Pékin et à 137 euros à Shangaï. Le 1er juin, l'arraisonnement sanglant de la flotte humanitaire pour Gaza par les troupes d'élite israéliennes donne la mesure des méthodes terroristes avec lesquelles l'État d'Israël soumet le peuple palestinien dans la bande de Gaza transformée en prison à ciel ouvert et dans les territoires occupés. Partout dans le monde, des manifestations de protestation sont organisées spontanément. Une nouvelle flottille est prévue pour 2011. Le 25 juin, le G8-G20 se tient à Toronto pour la bagatelle d'un milliard d'euros et ne décide de rien si ce n’est de continuer la même politique de soutien au système financier contre les peuples.Le 31 juillet, plus de 20 000 ouvriers des usines textiles de Dacca au Bangladesh quittent le travail, affrontent la police. Ils exigent des augmentations de salaire. Les fortes hausses de prix ont dès juin poussé à la grève des dizaines de milliers d'ouvriers, contraignant 700 usines, employant 800 000 salariés pour Wal-Mart, Tesco, H&M, Zara, Carrefour, Gap, Marks & Spencer, Levi Strauss... à fermer leurs portes. Le 31 août, la guerre en Irak prend officiellement fin à la date prévue pour le retrait des troupes américaines. Mais 50 000 soldats américains y sont encore. La guerre, qui dure depuis sept ans, n'est pas terminée. Il y a déjà deux fois plus de mercenaires et de recrues des entreprises privées sous contrat militaire que de soldats de l'armée américaine… Fin août, au Pakistan, après deux mois de pluies torrentielles, au moins 14 % des terres cultivées sont, selon l'ONU, inondées, près de 5 millions de personnes sans abri, 17 millions sont contraintes à l’exil. Un huitième de la population a été touché par la catastrophe, qui cause des milliers de morts. Le prix payé par la population est démultiplié par la misère, le manque d’infrastructures et une aide internationale dérisoire. Le 26 septembre, au Venezuela, le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) de Chávez remporte les législatives marquées par le retour de l'opposition de droite, qui représente l'oligarchie écartée du pouvoir politique. Chávez réunit 55 % des votes contre 45 % à l'opposition. La droite dénonçait « le socialisme du xxie siècle », « le ravin du communisme ». Alors qu’un habitant sur quatre vit toujours en dessous du seuil de pauvreté et que la chute des prix du pétrole menace les programmes sociaux, engendre l'inflation et le chômage, Chávez garde l’essentiel de sa popularité auprès des classes populaires. Le 23 octobre, le site internet Wikileaks rend publics plus de 400 000 documents secrets de l'armée américaine concernant son intervention en Irak entre 2003 et 2009. Le même site avait publié en juillet plus de 90 000 documents secrets concernant la politique américaine en Afghanistan. L'ampleur des révélations montre la barbarie ordinaire de l’occupation par l’armée impérialiste. Des révélations insupportables pour les gouvernements des grandes puissances. Le 2 novembre, lors des élections du midterm aux USA, les démocrates gardent une courte majorité au Sénat mais les Républicains gagnent une large majorité à la Chambre des représentants. Un camouflet pour Obama, conséquence des espoirs déçus alors que les classes populaires subissent l'explosion du chômage et qu’en deux ans, 2 millions de nouveaux ménages ont perdu leur maison… Le 13 novembre, l'opposante au régime militaire birman Aung San Suu Kyi est libérée par la junte quelques jours après des élections-farces, remportées par les représentants de la junte militaire. Si cette dernière se sent assez forte pour mettre en liberté étroitement surveillée sa principale opposante, des milliers d’autres restent dans les prisons de la dictature qui se perpétue avec le soutien des grandes puissances et du groupe Total. Le 24 novembre, les travailleurs portugais répondent massivement à l’appel à une journée de grève générale pour exprimer leur refus des mesures d'austérité imposées, comme en Grèce, par le gouvernement socialiste. Il faut remonter à 1988 pour retrouver un pareil appel commun des deux confédérations syndicales, la CGTP proche du PC et l'UGT proche du PS. Une journée sans précédent. Le 28 novembre se déroulent les élections présidentielles en Haïti et en Côte d'Ivoire, deux pays distants de milliers de kilomètres mais qui portent l'un et l'autre les stigmates du colonialisme. À Haïti, la France a cédé la place aux USA mais en Côte d’Ivoire le port, le chemin de fer, l'aéroport, les banques, les principales usines sont entre les mains de groupes capitalistes, essentiellement français, comme Bolloré ou Bouygues. Le colonialisme a cédé la place à la dictature des groupes capitalistes qui rend toute démocratie impossible et entretient une crise politique chronique où les classes populaires sont prises en otage par les luttes de clans.Le 29 novembre, à Cancun, au Mexique, commence la conférence sur le climat qui aboutit à un accord signé par 191 pays qui ne s’engagent qu’à se revoir dans un an. Il faudrait réduire les gaz à effet de serre de 25 à 40 % d'ici à 2020 pour éviter une catastrophe à terme rapproché. Mais rien n'a été décidé et surtout pas des mesures contraignantes pour les groupes industriels et leurs États. Tout sauf toucher aux profits. Qu’importe le prix pour l’humanité. Le 17 décembre, en Tunisie, à Sidi Bouzid, un jeune marchand ambulant, Mohamed Bouazizi, qui venait pour la énième fois de se voir confisquer sa marchandise par la police, désespéré, humilié, s’immole par le feu. Son geste désespéré était bien plus qu’un geste de désespoir, un acte d’accusation d’une police et d’une administration méprisant et agressant les plus pauvres pour le compte de la dictature de la mafia Ben Ali. La colère et la révolte se répandent dans la ville et dans tout le pays, touchant toutes les couches sociales (lire article de une). Au moment où, en Algérie, éclatent des révoltes contre la hausse des prix, un nouvel espoir se lève en ce début de 2011, la révolte des travailleurs et des peuples contre la mondialisation capitaliste et ses ravages, une révolte sans frontières...
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