Publié le Jeudi 23 septembre 2021 à 12h00.

Revers pour le président argentin Fernandez, radicalisation à gauche… et à droite

Le 27 octobre 2019, portée par la vague féministe de « ni una menos » et du rejet du gouvernement populiste de droite de Macri, Alberto Fernandez (Péroniste de centre gauche) triomphait aux élections dès le premier tour avec plus de 48 % des voix. Deux ans plus tard, lors des élections primaires du 12 septembre 2021, le gouvernement Fernandez a essuyé un grave revers électoral. Si la droite sort du scrutin victorieuse par défaut, l’extrême gauche réalise une percée très importante.

Les primaires (PASO, Primarias Abiertas Simultáneas Obligatorias) sont un système officiel de vote organisé par les pouvoirs publics où la participation est obligatoire comme pour les élections officielles même si le taux de participation y est légèrement inférieur. Elles ont donc fait office de répétition générale avant les législatives partielles de novembre qui verront 127 des 257 députés et 24 des 72 sénateurs nationaux argentins renouvelés. Tous les partis ou co­alitions qui veulent participer à ces élections se doivent de participer à ces primaires qui écartent de la compétition toutes les listes ne recueillant pas plus de 1,5 % des voix. Elles servent également à départager différentes orientations et concurrents au sein même des partis ou fronts qui y concourent.

Vote sanction contre le gouvernement

L’opposition de droite « Juntos por el cambio » (Ensemble pour le changement), alliance de la famille politique de l’ex-président Macri et de l’UCR, le vieux parti bourgeois argentin, l’a largement emporté sur le « Frente de Todos » du président péroniste avec plus de deux millions de voix d’avance. La droite l’a emporté dans 17 provinces sur 23 dont les principaux centres politiques du pays. À Buenos Aires, c’est un « bolsonariste anti­système », Javier Milei, économiste ultralibéral « libertarien », contre l’avortement et en faveur du port d’armes, qui a réalisé une percée inquiétante en regroupant tout un secteur fasciste.

Cette déroute du gouvernement de centre-gauche doit cependant être relativisée car la droite ne gagne pratiquement pas de votes. La colère s’est surtout exprimée par une légère croissance de l’abstention alors que le vote est obligatoire avec amende en cas de non-participation, un report de voix sur l’extrême gauche et surtout l’augmentation du vote blanc de presque 10 %. C’est donc l’électorat du gouvernement qui a fait défaut et qui explique la crise immédiate ouverte entre le président et sa vice-présidente Kristina Kirchner qui a fait démissionner ses proches au gouvernement pour influer sur un éventuel remaniement gouvernemental avant les élections officielles de novembre.

L’extrême gauche devient la 3e force électorale du pays

La gauche révolutionnaire réalise pour la première fois une percée en Argentine avec un total de 1 240 000 votes (1 295 000 selon La Nacion) soit presque 6 % des votes exprimées. L’addition des deux listes du FIT-U1 représente à elle seule plus d’un million de votes dans tout le pays. Pour la première fois, un secteur du mouvement ouvrier et populaire a opté pour une proposition anticapitaliste et révolutionnaire.

Avec un vote moyen supérieur à 5 % dans tout le pays, le FIT-U (Front de la gauche et des Travailleurs - Unité) dépasse les 20 % dans la province andine de Jujuy, les 9 % dans celles de Chubut, les 7 % dans celle de Neuquen, Santa Cruz et San Juan. Les 6 % de Buenos Aires capitale (CABA) et les 5,2 % de la Provincia de Buenos-Aires (la plus peuplée) constituent également une belle performance.

Cet excellent résultat ouvre la possibilité de constituer un groupe parlementaire important si l’unité se maintient, s’amplifie et si les électeurEs choisissent de confirmer leur vote aux élections officielles de novembre.

  • 1. FIT-U, Front de la gauche et des travailleurs, alliance électorale des principales organisations « trotskistes ».