Publié le Vendredi 5 septembre 2025 à 11h00.

Sahara occidental, une décolonisation confisquée, un peuple en résistance

Depuis plus d’un demi-siècle, le Sahara occidental reste le théâtre d’une colonisation niée et d’une lutte de libération occultée. 

Après cent ans de domination espagnole, l’occupation marocaine s’est installée en 1975 à la faveur de la « marche verte », présentée par Rabat comme une mobilisation pacifique mais vécue par les SahraouiEs comme une invasion militaire. Bombardements au napalm et au phosphore, déplacements forcés et répression ont marqué le début d’une occupation soutenue par les puissances impérialistes et par Israël, fournisseur d’armes et partenaire du Maroc.

Une occupation militaire et coloniale

Qualifier le Sahara occidental de « conflit gelé » alors que la guerre de libération a repris depuis près de quatre ans et que les Nations unies appellent à la tenue d’un référendum chaque année depuis près de 35 ans est une falsification. Le cessez-le-feu de 1991 n’a jamais débouché sur le référendum d’autodétermination promis. Le recensement des votantEs est prêt depuis 2002, mais Rabat bloque le processus en installant des colons, les faisant passer pour des autochtones, comme la France le fait en Kanaky. En novembre 2020, le Maroc a rompu la trêve à Guerguerat : depuis, la guerre a repris. Cette occupation s’appuie aussi sur une infrastructure militaire titanesque : un mur de sable construit dans les années 1980, long de plusieurs milliers de kilomètres, protégé par des millions de mines antipersonnel. C’est la plus vaste zone minée au monde, symbole d’un apartheid colonial.

Un pillage économique

Au-delà du militaire, le Maroc déploie une stratégie économique et idéologique. Phosphates, pêche, énergies renouvelables : les ressources du Sahara sont exploitées par des entreprises marocaines et occidentales, malgré des décisions juridiques qui déclarent ces accords illégaux. Le soft power se traduit par le tourisme, les investissements et des infra­structures qui ne profitent pas aux SahraouiEs. Dans les territoires occupés, il n’existe presque pas d’universités. Ces projets servent d’abord à blanchir l’occupation et à attirer des colons avec des avantages fiscaux et fonciers.

Un peuple en exil

La majorité des SahraouiEs vivent toujours dans les camps de réfugiéEs de Tindouf, en Algérie. Ces exiléEs portent la mémoire d’un peuple dispersé, privé de ses terres et de ses droits. Les prisonniers politiques sahraouis et les révoltes écrasées, comme celle de Gdeim Izik en 2010, véritable déclencheur du « printemps arabe », rappellent la brutalité d’un régime qui nie jusqu’à l’existence d’un peuple. Réduire cette lutte à une rivalité entre Maroc et Algérie, comme le répète la propagande, revient à invisibiliser le sujet central : un peuple colonisé. Le Sahara occidental n’est pas un dommage collatéral de tensions régionales, mais une lutte de libération nationale.

Un combat anticolonial universel

Le parallèle avec la Palestine est évident : murs, déplacements forcés, exploitation des ressources, criminalisation de la résistance. Dans les deux cas, l’occupation est soutenue par des États impérialistes et des investisseurs. Dans les deux cas, les coloniséEs se battent pour l’autodétermination et la justice. Le Sahara occidental est reconnu par l’ONU depuis 1963 comme territoire non décolonisé. Mais les résolutions ne suffisent pas : sans rapport de forces, le droit reste lettre morte. La libération dépend de la solidarité internationale, de la dénonciation des mensonges historiques et de l’affirmation d’un internationalisme conséquent. Pour les SahraouiEs, l’enjeu est clair : il ne s’agit pas de négocier un compromis territorial, mais de reconquérir l’ensemble de leur pays et de permettre le retour des exiléEs. C’est une question de dignité et de justice. Leur horizon est celui d’un Sahara libre, du nord au sud, comme les PalestinienNEs rêvent d’une Palestine libre, du fleuve à la mer.

Fatimetu et Amel