Publié le Lundi 2 mars 2015 à 23h09.

Solidarité avec les étudiants et les parents d’Ayotzinapa. Nous les voulons vivants !

Déclaration du Comité international de la IVe Internationale1

Cinq mois après la disparition des 43 étudiants dans le sud du Mexique, les manifestations se poursuivent notamment à Mexico. 

Il y a cinq mois disparaissaient les 43 étudiants de l’école Normale rurale d’Ayotzinapa dans l’État du Guerrero au Mexique. L’État mexicain porte la responsabilité de ces disparitions. La IVe Internationale exprime sa totale solidarité avec les parents et camarades des étudiants mexicains ainsi qu’avec les dizaines de milliers de personnes qui se sont mobilisées à travers tout le pays, évitant ainsi que le cas ne soit clôt par les autorités sous prétexte d’une prétendue « vérité historique » définitive. La version officielle cherche en réalité à occulter un crime d’État et à convaincre l’opinion publique que les étudiants ont été assassinés et incinérés par des tueurs à gages du crime organisé.

Depuis le 26 septembre 2014 l’exigence est la même : « Ils les ont emmenés vivants ! Nous les voulons vivants !». Nous dénonçons la claire participation et responsabilité de l’État à tous les niveaux et en particulier l’implication du 27e Bataillon d’infanterie de l’Armée mexicaine dans la disparition des camarades normaliens.

Le gouvernement de Peña Nieto n’a non seulement donné aucune réponse à l’exigence du mouvement social au Mexique, mais il a en plus tenté de cacher la profonde crise sociale que traverse le pays. Ayotzinapa s’inscrit dans cette crise, non comme un fait isolé, mais comme la conséquence d’une stratégie délibérée de l’État qui a militarisé le pays et déclenché une vague de violence ne pouvant que déboucher sur des tragédies de ce type. A ce type de drame, il convient d’ajouter l’augmentation des féminicides et la violence contre les femmes en général, les dizaines de journalistes assassinés ces dernières années et la violence croissante des groupes criminels contre les migrantes et les migrants nationaux ou centre-américains, pour compléter le panorama d’un pays en pleine décomposition sociale.

Parallèlement à cela, ce gouvernement a liquidé les dernières conquêtes sociales que la révolution mexicaine de 1910 avait gravées dans une Constitution politique aujourd’hui morte. Simultanément, Peña Nieto ainsi que des hauts fonctionnaires de son gouvernement se voient impliqués dans des scandales de corruption et de conflits d’intérêts.

C’est pour cela que le mouvement social solidaire des étudiants d’Ayotzinapa rejette la version du gouvernement, qui tente d’en faire une affaire « locale », refuse de revenir à la voie institutionnelle et de participer aux élections législatives intermédiaires du mois de juin. Celles-ci se dérouleront au milieu d’une crise de légitimité des institutions politico-électorales du pays et alors que le mouvement pointe clairement la responsabilité de l’État et exige le départ de Peña Nieto.

La défiance envers l’ensemble des partis et des institutions politico électorale a atteint un niveau inédit.

Nous lançons un appel à l’ensemble des forces de gauche, syndicales et aux mouvements sociaux dans nos pays, à poursuivre les actions de solidarité avec le mouvement social et populaire mexicain et à maintenir la pression mondiale sur le gouvernement de Peña Nieto dont la crédibilité internationale est au plus bas.

Nous saluons avec enthousiasme les manifestations de masses et les multiples formes de mobilisations, de luttes et d’expressions de solidarité qui se développent au Mexique.

Nous faisons nôtres les exigences de réapparition en vie des étudiants, de châtiment aux responsables, matériels et intellectuels de ces actes, ainsi que l’exigence croissante de démission de Peña Nieto.

C’est l’État qui est responsable !

Dehors Peña Nieto!

Ils les ont emmenés vivants, nous les voulons vivants !

Amsterdam, 24 février 2015

  • 1. Cette déclaration a été adoptée à l’unanimité par le Comité international de la IVe Internationale, réuni à Amsterdam le 24 février 2015. En septembre 2014, suite à une manifestation où la police tue par balles 6 étudiants, 43 étudiants instituteurs à Iguala sont enlevés et disparaissent. Le maire et son épouse, en lien avec la police et les narcotrafiquants, font partie des commanditaires de ce crime. Selon les autorités, ils auraient été massacrés mais la version officielle est contestée par des ONGs. Depuis, un soulèvement national a lieu contre l’appareil d’Etat complice de la corruption policière.