Facteurs naturels et humains se mêlent pour faire des inondations l’une des pires catastrophes subies par la population pakistanaise. La Campagne de secours populaire permet d’acheminer l’aide directement aux plus défavorisés. L’eau se retire de certaines zones précocement inondées, laissant place à un spectacle de désolation, alors qu’ailleurs, les pluies de mousson aidant, les flots de l’Indus menacent d’envahir de nouveaux centres habités. Quelque 25 millions de personnes sont directement affectées alors que le coût social et économique du désastre s’annonce phénoménal. Il est impossible d’estimer sérieusement le nombre de morts, mais il s’agit de la catastrophe « naturelle » la plus grave que le Pakistan a subie depuis sa création en 1947. Si l’adjectif « naturel » doit être mis entre guillemets, c’est que la gravité de la situation est largement due à des facteurs « humains » : effet probable du réchauffement climatique (fonte des glaciers tibétains), délabrement des infrastructures (routes, digues…), impréparation criminelle face à une catastrophe annoncée, corruption généralisée des pouvoirs civils et militaires, profond mépris de la vie des pauvres manifesté par les classes dominantes dans un pays où l’on trouve des situations de quasi-esclavagisme, détournement des ressources nationales par le mécanisme de la dette, déstabilisation du pays sous l’impact de la guerre impérialiste en Afghanistan, destruction des solidarités sous la violence des conflits sectaires religieux… Si l’adjectif « humain » doit à son tour être mis entre guillemets, c’est qu’il serait plus juste d’écrire « capitaliste », voire « féodalo-capitalisto-impérialiste ».
Comme dans toutes les situations de ce genre, le « naturel » et le « social » se mêlent de façon inextricable, ce qui affecte profondément les secours. Les gouvernements occidentaux en font le moins possible. À coups de prêts, les organisations financières internationales aggravent le joug de la dette. Les puissants détournent à leur profit l’aide humanitaire. Les mouvements fondamentalistes visent à renforcer leur mainmise : en pleine catastrophe, les extrémistes sunnites poursuivent leurs attentats meurtriers contre les minorités (chiites, ahmédis, sufis, chrétiens…). L’état de désastre conduit à une accentuation des inégalités et des oppressions ! Initiée début août, la Campagne de secours populaire répond dans un esprit solidaire à cette situation en envoyant l’aide aux régions les plus défavorisées (Baloutchistan…) et aux populations les plus pauvres grâce à ses réseaux militants féministes, syndicaux, associatifs et politiques, comme ceux du Parti des travailleurs du Pakistan (LPP). Au 3 septembre, elle avait collecté pour plus de 4 630 000 roupies d’aide (soit près de 42 000 euros). Parallèlement, elle a lancé une large mobilisation unitaire pour exiger l’annulation de la dette du Pakistan. La Campagne de secours populaire a surtout mobilisé la solidarité au Pakistan même. Il n’était pas facile d’organiser l’aide internationale en plein mois d’août. En France, l’association Europe solidaire sans frontières (ESSF) a reçu pour l’heure 2 000 euros qui viennent d’être envoyés. Il faut maintenir élargir d’urgence cet effort de solidarité. Pierre RoussetSolidarité Pakistan : chèques à l’ordre d’ESSF. Envoyer à : ESSF, 2, rue Richard-Lenoir, 93100 Montreuil.Une information plus complète sur la Campagne de secours populaire est fournie sur le site d’ESSF : www.europe-solidaire.org