Publié le Samedi 28 juin 2025 à 08h00.

Solidarité internationaliste avec les travailleurEs d’Ukraine

Les attaques de drones et de missiles russes sur tout le territoire ukrainien s’intensifient depuis plusieurs mois, faisant chaque nuit de nombreuses victimes civiles. La volonté russe d’ouvrir de nouveaux fronts dans le nord de l’Ukraine se précise chaque jour un peu plus. C’est dans ce contexte périlleux que se déploient les attaques du  gouvernement Zelensky contre les syndicats.

Les conséquences de la guerre ne s’arrêtent pas aux bombardements : elles affectent aussi directement le monde du travail et les libertés syndicales. En Ukraine, les attaques antisociales et néolibérales ne sont pas suspendues, bien au contraire. Elles frappent même des organisations engagées dans la résistance.

Une répression antisyndicale en pleine guerre

Depuis le début de la guerre et l’instauration de la loi martiale, les attaques contre les droits des travailleurEs et les organisations syndicales ont été nombreuses en Ukraine. Malgré l’engagement large et conscient du monde du travail et des syndicats contre l’invasion russe, que ce soit sur le front militaire ou dans la défense civile, maintenir les taux de profits et restaurer les patrimoines des oligarques ukrainiens malmenés par les destructions massives font partie de l’agenda non négociable du gouvernement actuel.

La dernière attaque en date a visé la tête du mouvement syndical, plus précisément la FPU, principale confédération d’Ukraine, qui comptait près de 6 millions de membres au début de l’invasion à grande échelle. Son président, Grigoriy Osovyi, a été assigné à résidence en avril dernier, dans un contexte de protestation contre de nouveaux rabotages du droit du travail. Début juin, le siège central de la confédération à Kyiv a été saisi par l’entreprise privée KAMparitet. Cette dernière a mis en place une équipe de sécurité privée, interdisant l’accès aux locaux pour les syndicalistes de la FPU et son personnel confédéral.

Les biens syndicaux sont une cible constante du pouvoir depuis février 2022. Malgré leurs engagements formels auprès de la direction du syndicat, le gouvernement est en pratique un complice actif de cette grave usurpation de biens. Depuis sa saisie, la FPU et ses syndicats organisent des rassemblements quotidiens pour protester contre la saisie. Ils et elles sont accompagnéEs et soutenuEs par des militaires, des ancienNEs combattantEs et des blesséEs au combat. Les banderoles qui accompagnent ces actions sont explicites : « La vérité est avec nous. Ne touchez pas aux biens du peuple. Rendez-les nous, Président, écoutez les syndicats ! Respectez les militaires ! »

Renforcer la solidarité

À l’international, les soutiens syndicaux ont été nombreux pour dénoncer cette situation. La Confédération européenne des syndicats, dans un courrier relayé par l’intersyndicale française au complet, s’adressait au gouvernement ukrainien pour rappeler que « la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine ne peut servir d’excuse pour des attaques contre les syndicats ».

Si la résistance à l’impérialisme russe est un objectif partagé par les syndicats et la majorité du monde du travail, les intérêts défendus et les moyens pour y parvenir ne sont pas les mêmes. La résistance ukrainienne est aussi une résistance au néo­libéralisme. Ce monde du travail en lutte, qu’il soit organisé syndicalement ou non, est une réalité de l’Ukraine en guerre. Il est vital de lui apporter la solidarité internationaliste qu’il mérite, que ce soit sur le front militaire ou social.

Elias Vola