Ces derniers jours ont vu une intensification des combats dans la région du nord-est de la Syrie, où la population kurde est majoritaire. Ces combats concernent les milices kurdes, les comités de protection du peuple kurde (YPG), branche armée du Parti de l’union démocratique (PYD, l’émanation syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan), et des groupes islamistes, du Front al-Nusra et de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Cette région de la Syrie est stratégique car riche en pétrole et sert également de point de passage entre la Turquie et la Syrie où toutes sortes de biens, dont des armes, et hommes transitent.Les sections de l’Armée syrienne libre (ASL) sont divisées dans ces combats selon les affinités et dynamiques locales. Certains combattent au côté des islamistes, mais d’autres se joignent aux milices kurdes et dénoncent les exactions commises par les groupes islamistes contre les populations locales : arabes, kurdes et autres. Les islamistes n’ont pas hésité dans les régions sous leur contrôle à imposer leur interprétation réactionnaire de l’islam, en imposant le jeûne pendant le ramadan, menaçant les femmes qui ne portaient pas le foulard islamique et imposant leur interprétation de la charia, sans se soucier à aucun moment de la diversité culturelle et autre des populations locales.
Pétrole et autonomieL’état-major de l’ASL et l’opposition syrienne ont appelé les différents groupes de l’ASL à condamner les combats entre frères et mis en garde de ne pas tomber dans le piège des affrontements internes suscités par le régime assassin de Bachar el-Assad. Les événements se sont accélérés après l’attaque le 16 juillet des membres d’al-Nosra contre une patrouille de combattants kurdes dans la ville de Ras al Ain. La réponse des milices de l’YPG ne s’est pas fait attendre, et après des combats intenses et meurtriers faisant plus d’une trentaine de morts, les villes de Ras al Ain et Sere Kanya ont été libérées des forces islamistes. Les combats se poursuivent dans cette région entre milices kurdes et groupes islamistes, particulièrement à l’est de la ville de Qamichli, où se trouvent de nombreux puits de pétrole et donc d’une importance primordiale. Les groupes islamistes ont d’ailleurs bénéficié des revenus de champs pétroliers, en vendant même du pétrole au régime d’Assad. Les combats entre le YPG et les groupes islamistes pour le contrôle de ces champs pétroliers se poursuivent. Il y a quelques jours, le PYD a proposé la mis en place d’un Conseil indépendant temporaire dans la région du nord-est peuplé majoritairement de kurdes pour gérer la région jusqu’à la fin de la guerre en Syrie.La Turquie n’a pas tardé à réagir à ces événements proches de sa frontière, en mettant en garde les Kurdes de Syrie contre toute velléité autonomiste. La police turque a d’ailleurs réprimé une manifestation dans une ville kurde au sud de la Turquie qui fêtait la libération des islamistes de plusieurs villes kurdes de Syrie.
Joseph Daher