Le peuple syrien est le grand absent des tractations entre les pays impérialistes.La coordination révolutionnaire de la ville de Salamieh a titré sa page internet comme suit : « L’augmentation de la souffrance signifie l’approche de la délivrance ». Cette phrase traduit clairement la situation actuelle de la lutte du peuple syrien pour sa liberté.En effet, la dictature mène une vraie guerre contre les masses, à un degré tel qu’il est fort difficile d’établir un rapport quotidien des évènements qui ponctuent les luttes : manifestations, grèves, affrontements militaires, bombardements des villes et villages, assassinats ciblés par les forces armées du régime, blocages des quartiers et villes et invasion des villes rebelles par l’armée gouvernementale.La dernière en date est Douma, à proximité de la capitale, une ville de 500 000 habitants, assiégée depuis quelques semaines et bombardée pendant quinze jours. L’armée l’a investie le 30 juin. Les rues ont été jonchées de cadavres. L’armée s’est livrée à des exécutions sommaires et à des arrestations massives contre les rares populations qui n’ont pas pu ou voulu quitter leur ville. Cette dernière est quasiment détruite et une épidémie ravage cette ville fantôme. Ce macabre spectacle est le sort réservé par la dictature à toute ville ou quartier osant se rebeller. Mais l’entrée des forces armées d’Assad dans la ville révolutionnaire de Douma a coïncidé – certainement selon un calcul de l’oligarchie – avec la tenue de la réunion de Genève le 30 juin réunissant les grandes puissances membres du conseil de sécurité de l’ONU, le Qatar, l’Irak et la Turquie.Les pays impérialistes se sont mis d’accord sur une transition politique gérée par les « Syriens eux-mêmes » selon la déclaration finale, tout en soulignant leur soutien au plan Annan, du nom du représentant de l’ONU en Syrie. Les divergences entre les prédateurs impérialistes concernant les mécanismes de cette transition « politique » ont été vite déballées sur la place publique : pour les Américains et leurs alliés celle-ci se fera sans Bachar Al Assad, en revanche, les Russes et les Chinois conçoivent cette transition avec ce dernier.Mais la troisième réunion des « Amis de la Syrie » qui regroupe la coalition USA et ses alliés et qui s’est tenue à Paris le 6 juillet a insisté sur le soutien au plan Annan et la transition en vertu « du chapitre VII de la charte de l’ONU » à savoir le recours à la force. Kofi Annan lui-même a déclaré dès le lendemain qu’il n’avait « pas réussi sa mission » en Syrie, mais qu’il ne l’abandonnait pas. Dans ce manège de tractations des puissances impérialistes les intérêts du peuple syrien révolté et massacré sont les grands absents.Un fait majeur s’est fait jour ces derniers mois : la conscience révolutionnaire de masse, exprimée à travers les slogans et les tracts des manifestations quotidiennes, s’est débarrassée d’une illusion du salut par une intervention militaire extérieure. Elle s’est également débarrassée de toute illusion concernant la crédibilité du Conseil national syrien (CNS) (libéraux et frères musulmans) ou du Comité de coordination pour le changement démocratique (CNCCD - éléments de partis de gauche nationaliste et quelques personnalités libérales) ou encore du Forum démocratique (personnalités transfuges du CNCCD).La réunion d’unification de l’opposition qui s’est tenue au Caire les 2 et 3 juillet à la demande de la Ligue des États arabes n’a eu aucun écho dans le mouvement révolutionnaire des masses. D’autant plus que les documents qui y ont été adoptés sont restés sans lendemain. Dès le 4 juillet, 64 membres de la commission générale du CNS ont dénoncé cette réunion, tout comme une déclaration publiée le 7 juillet au nom des jeunes du CNCCD.Les masses, qui subissent pourtant la barbarie d’une dictature qui pratique la politique de la terre brûlée et une guerre totale, ont repris une confiance indéniable dans leur capacité à renverser le régime par elles-mêmes. Damas et ses environs connaissent une grève générale bien suivie, pour la deuxième fois en un mois, depuis le 7 juillet. Le slogan suivant résume cet état d’esprit : « Au monde entier : nous ne sommes pas une opposition, nous sommes un peuple qui veut sa liberté et sa dignité. » La révolution populaire syrienne avance sur le chemin de la victoire.