Les résultats positifs du référendum constitutionnel organisé par Mahamat Déby, fils du dictateur défunt Idriss Déby, lui permet de légaliser son coup d’État soutenu par la France.
Les résultats du référendum pour la nouvelle constitution des 16 et 17 décembre, organisé par la junte militaire, sont sans surprise. Le « oui » l’emporte avec 86 % des voix, le « non » obtient 14 %. Le taux de participation dépasse les 63 %.
Résultats peu crédibles
Ces chiffres sont contestés par l’opposition qui met en exergue, ce que tout le monde a remarqué dans la capitale à N’Djaména, des bureaux de vote déserts. Les autorités répondent que si la capitale ne s’est guère mobilisée, à l’inverse le reste du pays a massivement participé à la consultation. Argument invérifiable au vu du faible nombre d’observateurs électoraux, près de 2 000 pour les 22 726 bureaux de vote.
La junte n’a pas ménagé ses efforts pour empêcher l’opposition, partisane du boycott de faire campagne. De plus, la stratégie d’intégrer une partie de l’opposition au pouvoir a fonctionné. Le Premier ministre Saleh Kebzabo est un ancien opposant et vient juste d’être remplacé par le principal challenger de Mahamat Déby, Succès Masra. Ce dernier a pu revenir de son exil et a changé de position sur le référendum en prônant le « oui ».
Légaliser le coup de force
Ce changement de Constitution aura peu d’effet. Il réaffirme le côté unitaire de l’État contre ceux qui défendent un système fédéraliste dont la vertu serait de répondre à la division entre le sud et le nord du pays. Depuis l’indépendance en 1960, la Constitution a été remaniée plus d’une dizaine de fois sans que cela modifie grand-chose pour les populations. L’article 67 qui précise l’âge minimum requis pour se présenter a été opportunément modifié. De 40 ans révolus, il passe à 35 ans. Évitant ainsi des futurs litiges pour Mahamat Déby qui aura 40 ans en 2024, date prévue des prochaines élections présidentielles.
Ce changement de la loi fondamentale n’est qu’une étape supplémentaire pour assurer la transition en maintenant au pouvoir le fils Déby.
La dictature en héritage
D’autant que la junte a décrété une amnistie générale pour les événements du Jeudi noir d’octobre 2022 pendant lesquels les forces de sécurité de la junte avaient réprimé dans le sang une manifestation contre le coup de force du fils Déby, soutenu par Macron au motif de la stabilité du pays. Des dizaines de manifestantEs ont trouvé la mort. Par centaines, des TchadienNEs considérés comme opposantEs ont été envoyés à la prison de haute sécurité de Koro Toro située en plein désert. Ceux qui ont pu survivre ont témoigné des conditions effroyables de détention.
La succession dynastique des Déby sous l’œil bienveillant de l’Élysée est prête à s’achever avec l’élection présidentielle que ne manquera pas de gagner Mahamat Déby. Un scénario écrit d’avance et parfaitement rôdé qui rend encore plus déplacées les balivernes de Macron tenues le 27 avril 2021 : « je ne suis pas pour un plan de succession. Et la France ne sera jamais aux côtés de celles et ceux qui forment ce projet ».