Publié le Samedi 24 février 2024 à 12h00.

Troupes françaises hors d’Afrique : en finir avec la Françafrique

L’initiative unitaire, lancée par Survie, « Pour un retrait rapide d’Afrique de l’armée française » (lire sur notre site l’appel au meeting parisien du 28 février 1 et la tribune « Armée française en Afrique : il est largement temps de partir »), constitue un soutien essentiel à la vague populaire qui balaie plusieurs pays africains contre la domination néocoloniale française.

 

Comme le dit l’appel, « le retrait de l’armée française d’Afrique ne sera certes pas suffisant pour que le continent se dégage des multiples formes de domination que lui imposent notre pays, l’Occident en général et ses concurrents impérialistes », mais cette présence militaire est perçue, à juste titre, par nombre d’AfricainEs comme l’expression et l’instrument de leur domination. Loin du mythe — qui a la peau dure malgré ses méfaits et crimes (y compris sa complicité de génocide au Rwanda, il y a trente ans) — d’une armée présente pour « lutter contre le terrorisme » ou mener des « opérations humanitaires » voire « civilisatrices » (afin de pacifier des sauvages toujours prêts à s’entretuer !), son rôle est plus prosaïque : assurer le pillage des richesses et matières premières stratégiques (hydrocarbures, uranium, lithium, coltan…), défendre les marchés des Total et autres Orano, maintenir en place des dictatures clientes.

Combattre tous les instruments de la domination néocoloniale

Le combat contre cette présence militaire est inséparable du combat contre tous les instruments, même moins visibles, de la domination néocoloniale : la francophonie ; le franc CFA qui impose une servitude monétaire au bénéfice du capitalisme français ; les « Accords de partenariat économique » (APE) qui favorisent les exportations et investissements des sociétés françaises et européennes ; l’écrasante dette dont la finance internationale conditionne le remboursement aux PAS ultralibéraux (programmes d’ajustement structurel), avec à la clé privatisation des entreprises publiques, suppression des subventions aux biens et services de première nécessité, réduction des budgets sociaux et de la masse salariale de la fonction publique, développement (au détriment des cultures vivrières) de monocultures tournées vers l’exportation et destructrices de l’environnement, etc.

La France et l’Union européenne ont trouvé un nouvel intérêt à l’Afrique. Après s’en être servi comme réservoir de main-d’œuvre gratuite et bon marché, servile puis salariée, pour développer leurs économies capitalistes, elles s’en servent aujourd’hui comme garde-frontière pour réprimer et empêcher ses habitantEs d’émigrer en Europe.

Solidarité avec les peuples africains

La concurrence de la Russie ou de la Chine comme de ses alliés occidentaux, sur fond de rejet de la présence et de l’ingérence françaises (que cherchent à récupérer les « élites » politico-militaires locales jouant, pour leurs intérêts propres, de cette concurrence interimpérialiste), inquiète la bourgeoisie hexagonale. Ce qu’exprime le récent rapport parlementaire sur les relations franco-africaines qui, faisant le constat que « la France est aujourd’hui bousculée dans une Afrique en recomposition », préconise « une nouvelle stratégie africaine, cette fois bien ancrée dans le 21e siècle ». De plus en plus affaibli, l’impérialisme français n’en est que plus nocif et dangereux. Nouvelle ou non, sa « stratégie » vise à conserver et même élargir son pré carré africain garant de sa place de puissance économique et politique dans l’arène internationale, et par tous les moyens. La solidarité avec les peuples africains, jusque-là trop insuffisante, est une urgence internationaliste. Notre ennemi est le même : l’impérialisme français.