Publié le Jeudi 26 janvier 2017 à 10h16.

Trump : agressivité et impopularité, un record historique !

« Historique », un mouvement « sans précédent », disait Trump de sa propre élection... Ce sont bien les qualificatifs qui s’imposent... pour caractériser son impopularité au moment même de son investiture, ainsi que le vaste mouvement qu’il a soulevé contre lui.

Jamais dans l’histoire des USA un président n’avait été aussi mal élu (2,8 millions de voix de moins que Clinton) et autant contesté.

« Une nouvelle vision »... menaçante

C’est devant une foule plutôt peu nombreuse, seulement les deux tiers de celle rassemblée il y a huit ans pour Obama, que Trump a prêté serment le 20 février. « À partir d’aujourd’hui, une nouvelle vision gouvernera cette terre, America first », a été la première phrase de Trump. « America first » (« L’Amérique en premier »), c’est-à-dire la lutte pour maintenir et renforcer la suprématie de la classe capitaliste américaine sur le monde. « L’Amérique a fait la richesse de tous les autres pays. [...] On a assuré la défense d’autres États qui refusaient d’assurer leur propre défense. [...] Le carnage dont l’Amérique a été victime doit s’arrêter ici et maintenant. » Une vision quelque peu perverse du passé... et de l’avenir !

Népotisme et milliardaires

« Nous allons ramener nos emplois. Nous allons rétablir nos frontières. Nous allons retrouver de la richesse. Et nous allons revivre nos rêves », prétend-il. Une démagogie qui s’adresse en fait à la bourgeoisie américaine et n’a d’autre but que de justifier le pouvoir autoritaire qu’il met en place en s’appuyant, au nom du peuple, sur une poignée d’oligarques de la finance et sa propre famille. « Parce qu’aujourd’hui non seulement nous transférons le pouvoir d’une administration à une autre ou d’un parti à un autre, mais nous transférons le pouvoir de la capitale Washington et le donnons à nouveau à vous, le peuple américain. » De la poudre aux yeux pour justifier un pouvoir sans partage.

Offensive contre les peuples et les travailleurs

À peine investi, il a signé un décret contre l’Obamacare. Il demande aux services gouvernementaux de « lever, reporter, décaler l’application ou octroyer des exemptions », et aussi d’accorder plus de flexibilité aux États dans la mise en œuvre des programmes d’assurance santé en développant « un marché libre et ouvert dans le cadre d’un commerce inter-États pour offrir des services de santé et d’assurance santé ». Bref, le flou le plus total sans que les Républicains n’aient encore annoncé un autre projet.

Dans la foulée, Il a aussi signé un décret interdisant le financement des ONG internationales qui soutiennent l’avortement, puis l’acte de retrait des États-Unis du traité de libre-échange transpacifique (TPP), qui n’incluait pourtant pas la Chine. Lundi, il a ordonné le gel des embauches au niveau fédéral... sauf pour l’armée. Aux patrons, il a promis des baisses « massives » d’impôts et a affiché sa volonté de réduire la réglementation fédérale « de 75 %, peut-être plus ».

Son protectionnisme n’est rien d’autre qu’une politique en faveur du patronat, et dans le même temps, les États-Unis se déclarent ouverts à l’idée de mener des opérations militaires conjointes avec la Russie contre l’État islamique en Syrie ainsi qu’à poursuivre leur assistance militaire à l’Égypte.

Les femmes en tête de la contestation

L’agressivité antisociale, raciste et sexiste de Trump a reçu la réponse appropriée de la « Marche des femmes », qui a rassemblé 3 millions de personnes aux USA, et 4 millions à travers le monde. Des rassemblements ont eu lieu dans plus de 40 villes des États-Unis et dans 66 autres pays. Ils ont reçu le soutien des dizaines d’organisations progressistes en opposition frontale avec Donald Trump : un véritable melting-pot des mécontentements.

« Make America sane again » ou « Not my president ! », répondaient au « Make America great again » de Trump. Cette vaste et profonde mobilisation s’inscrit dans le mouvement qui, à travers le monde, s’oppose à l’offensive des classes dominantes contre les travailleurs et les peuples, dont les femmes sont parmi les premières victimes. Il l’encourage et le renforce. La classe ouvrière a à y prendre toute sa place pour empêcher des milliardaires aventuriers et sans scrupules de prétendre parler en son nom, alors qu’ils agissent bien pour le compte de ses ennemis, les capitalistes.

Yvan Lemaitre