Avec 44 % des voix, l’AKP (le parti du Premier ministre turc Recep Erdogan) a largement remporté les élections locales du 30 mars dernier. Certes, des soupçons de fraude pèsent sur le résultat de certaines élections, notamment à Ankara, mais ils ne sont pas de nature à en remettre en cause le résultat global.
Pourtant, la situation reste instable : chaque jour apporte son lot d’informations sur les pratiques affairistes du clan autour d’Erdogan, et mi-mars, une mobilisation considérable a eu lieu lors des obsèques de Berkin Elvan mort suite à la répression policière. L’AKP a réussi à remobiliser son électorat pluri-classiste et religieux et il reste fort des faiblesses de ses adversaires. Ses principaux concurrents électoraux, le CHP (parti républicain du peuple, étatiste-nationaliste) et le MHP (ultra-nationaliste) ne sont en effet guère ragoutants pour les classes populaires et ceux qui se sont mobilisés autour du parc Gezi en 2013. Seul tranche le parti kurde HDP (allié localement à certaines formations de gauche), mais son impact est surtout fort dans les zones kurdes.
Mais cette victoire électorale de l’AKP ne résout pas les contradictions internes du parti au pouvoir qui attise le manque de confiance des milieux financiers, étrangers et pour une part turcs. Erdogan est fragilisé et pourrait voir apparaître des concurrents dans son propre camp. Par ailleurs, le mouvement populaire né autour du parc Gezi, même s’il n’a pas construit d’alternative politique, rebondira certainement.