16 ans après son lancement en juillet 2005, la campagne BDS (boycott, désinvestissements et sanctions) continue de se développer à l’échelle internationale. De nombreuses actions collectives ont été menées au cours de l’année écoulée, souvent avec succès. Voici une sélection de 20 d’entre elles.
1. Le soutien mondial à la campagne #UNInvestigateApartheid : l’appel palestinien à l’ONU pour enquêter sur l’apartheid israélien et imposer des sanctions pour y mettre fin, comme cela a été fait contre l’Afrique du Sud de l’apartheid, a reçu un soutien massif de la société civile internationale. Parmi les signataires figurent 452 organisations de la société civile dans le monde, dix anciens présidents d’Amérique latine et d’Afrique, 720 parlementaires, diplomates et personnalités culturelles.
2. Des appels croissants en faveur de sanctions : des dirigeants politiques et des personnalités du monde entier ont appelé à des sanctions à l’encontre d’Israël pour mettre fin à son annexion formelle et de facto des terres palestiniennes. Parmi eux, le Conseil œcuménique des Églises et, au Royaume-Uni, des députés, le Trades Union Congress et des artistes de premier plan.
3. Des dirigeants arabes appellent à des sanctions : des dizaines de dirigeants arabes — anciens Premiers ministres, ministres et diplomates, personnalités de la culture et de la société civile — appellent à « un large éventail de sanctions effectives » pour contrer l’apartheid et l’annexion illégale d’Israël.
4. L’ONU publie une base de données sur les colonies : l’ONU a publié une liste très attendue de 112 entreprises complices de la politique de colonisation illégale d’Israël, un premier pas concret vers la responsabilisation des entreprises israéliennes et internationales qui permettent les graves violations des droits des Palestiniens par Israël. La Confédération syndicale internationale (CSI), qui représente 200 millions de travailleurs dans 163 pays, a appelé les entreprises figurant sur la liste de l’ONU à « mettre fin à leur présence illégale […] sur la terre palestinienne ». Néanmoins, de nombreuses entreprises complices ne figurent pas encore dans la base de données et doivent y être ajoutées. Par exemple, plus de 100 organisations demandent à l’ONU d’ajouter Hewlett Packard Enterprise (HPE) à la base de données pour sa complicité dans les colonies israéliennes.
5. La guerre juridique d’Israël subit des défaites : la guerre juridique (lawfare) d’Israël contre BDS a subi des revers importants. Réprimandant le gouvernement français, la Cour européenne des droits de l’homme a statué que la promotion du boycott des produits israéliens relève de la liberté d’expression protégée par la Convention européenne des droits de l’homme. Un tribunal allemand a décidé que la ville de Munich ne pouvait pas refuser un espace public aux groupes BDS pour leurs événements. Aux États-Unis, les tentatives incessantes, soutenues par le lobby pro-israélien, de censurer et de punir l’American Studies Association (ASA) pour son soutien au boycott universitaire d’Israël, a une fois de plus échoué devant les tribunaux.
6. La Cour suprême du Royaume-Uni soutient le désinvestissement local : la Cour suprême du Royaume-Uni, dans une décision historique, a rétabli le droit des fonds de pension des autorités locales à désinvestir des entreprises complices de violations des droits humains en Israël, rejetant les restrictions gouvernementales illégales.
7. Un soutien progressiste croissant aux droits des Palestiniens et au mouvement BDS aux USA : des représentants du Congrès US appellent à conditionner le financement militaire d’Israël ; 22% des Américains juifs de moins de 40 ans soutiennent un boycott total d’Israël ; Alexandria Ocasio-Cortez s’est retirée d’un événement célébrant Yitzhak Rabin, qui a mené un nettoyage ethnique et une répression violente du peuple palestinien ; la membre du Congrès Cori Bush, qui soutient le mouvement BDS, a été élue malgré la campagne de diffamation du lobby pro-israélien.
8. De grandes institutions financières se désengagent : de plus en plus de grandes institutions financières ont désinvesti leurs fonds des entreprises impliquées dans les crimes d’Israël contre les Palestiniens. Le fonds de pension néerlandais ABP s’est désengagé de deux banques israéliennes finançant les colonies, et la société norvégienne Storebrand s’est désengagée de quatre entreprises profitant de l’occupation illégale d’Israël.
9 Le boycott culturel et la lutte contre le pinkwashing progressent : le soutien au boycott des institutions culturelles israéliennes complices a augmenté. Plus de 170 réalisateurs de films se sont engagés à ne pas participer au festival de films LGBT TLVFest, parrainé par le gouvernement israélien. Dix-neuf participants au TLVFest 2020 se sont retirés, dont huit cinéastes brésiliens. Docaviv, le festival international du film documentaire de Tel Aviv 2020, qui s’associe à des ministères du gouvernement israélien, a également été secoué par quatre annulations de la part de cinéastes et d’invités internationaux.
10. La semaine de l’apartheid israélien intégrée aux campagnes antiracistes : plus de 100 groupes européens se sont joints à un appel palestinien visant à coordonner les événements annuels de la Semaine contre l’apartheid israélien (Israeli Apartheid Week) avec les activités marquant la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. La Semaine contre l’apartheid israélien s’est déroulée dans le monde entier, malgré la pandémie de Covid-19, avec de nombreux événements qui ont dû être organisés en ligne.
11. Victoires du désinvestissement sur les campus : l’université de Manchester (Royaume-Uni) a désinvesti près de 2 millions de livres sterling d’entreprises complices de l’oppression d’Israël. Aux États-Unis, les étudiants de l’université de Columbia, de l’université de l’Illinois Urbana-Champaign et de l’université d’État de San Francisco ont tous voté pour le désinvestissement de l’apartheid israélien.
12. Victoires dans la campagne de boycott de Puma : la plus grande université de Malaisie, Universiti Teknologi MARA (UiTM), a mis fin à un contrat de sponsoring avec Puma en raison du soutien de la société aux colonies israéliennes illégales. Le club de football britannique de Championship League Luton Town FC a cessé d’être fourni par Puma, tout comme le club de football britannique Chester FC. Dans un moment de franchise, un avocat de Puma a résumé l’impact de la campagne à un organisateur du boycott en disant : « Vous nous rendez la vie misérable. »
13. Les artistes arabes s’opposent à la normalisation engagée par les Émirats arabes unis : près de 100 artistes arabes, y compris palestiniens, ainsi que 17 groupes et organisations culturelles se sont engagés à boycotter toutes les activités culturelles parrainées par le régime des Émirats arabes unis en raison de sa politique de normalisation des relations avec Israël. Parmi les signataires figurent de grands noms du cinéma, de la musique, de la photographie, des arts du spectacle et des arts visuels, entre autres domaines.
14. G4S perd des contrats : le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et une société multinationale jordanienne — qui a demandé à rester anonyme — ont décidé de ne pas renouveler leurs contrats avec G4S en 2020. G4S, la plus grande entreprise de sécurité au monde, a un long passé d’implication dans des violations des droits de l’homme dans le monde entier, y compris dans la gestion de l’Académie de police d’Israël à Jérusalem, qui forme les forces de police d’Israël, avec un long passé d’implication dans des crimes de guerre.
15. Développement des « zones sans apartheid » (« Apartheid Free Zones ») : malgré la pandémie de Covid-19, les zones sans apartheid (ZSA) continuent de se multiplier et de mobiliser les communautés. En Italie, le nombre d’activités commerciales, de centres culturels et sportifs et d’associations qui se sont déclarés « sans apartheid » israélien est passé à plus de 200. Plus de 100 « zones sans apartheid » à travers l’Europe ont dénoncé le #CoronaRacism, y compris celui d’Israël. Au Chili, la Fédération des étudiants de l’Université Australe s’est déclarée « zone sans apartheid », tout comme dix associations d’étudiants de l’Université Complutense de Madrid.
16. Victoires du #DroitAuBoycott : malgré l’intensification des tentatives d’Israël et de ses alliés d’extrême droite pour réprimer le mouvement BDS, les militants des droits humains ont remporté de nombreuses victoires dans le cadre de #RightToBoycott. Une puissante mobilisation mondiale a poussé Israël à libérer le coordinateur général du mouvement BDS, Mahmoud Nawajaa, après 19 jours de détention sans charge. Le gouvernement écossais a réprimandé le gouvernement britannique en déclarant que les institutions publiques, les organisations ou les individus écossais devraient être libres de débattre, d’approuver ou de mettre en œuvre le mouvement BDS. Aux États-Unis, seule une petite fraction des projets de loi visant celles et ceux qui défendent les droits des Palestiniens ont été adoptés en raison de l’opposition de la population.
17. Le soutien à l’embargo militaire grandit : 10 000 personnes ont demandé à l’UE de ne plus utiliser les drones de la société israélienne Elbit Systems ; Liverpool et Séville ont annulé d’importantes foires aux armes incluant Elbit Systems suite à l’opposition locale dans les deux villes ; et Microsoft s’est désengagé de la société israélienne de reconnaissance faciale AnyVision, qui aide Israël à maintenir son régime d’apartheid sur les Palestiniens.
18. Pressions exercées sur CAF pour qu’elle abandonne le tramway colonial : 70 groupes basques ont demandé à la société CAF de se retirer du projet illégal de tramway de Jérusalem, qui permet à Israël de poursuivre ses politiques coloniales et d’apartheid, et huit syndicats norvégiens ont demandé que CAF soit exclue des marchés publics.
19. Lancement du boycott d’AXA : 10 000 personnes et 250 organisations se sont engagées à boycotter AXA en raison de ses investissements dans les banques israéliennes qui permettent l’occupation et l’apartheid d’Israël.
20. Artistes, universitaires et organisations culturelles s’opposent à la réduction au silence des défenseurs des droits des Palestiniens en Allemagne : 375 universitaires et artistes se sont opposés, en vertu du droit international, aux tentatives de censure en Allemagne, qui visent à réduire au silence les défenseurEs des droits des Palestiniens. En outre, 32 organisations culturelles allemandes de premier plan ont critiqué la résolution anti-BDS 2019 du Parlement allemand, déclarant qu’« au lieu de réduire l’antisémitisme, la résolution a étouffé le débat d’idées […] et la liberté d’expression dans les arts », qui sont tous deux protégés par la Constitution.