Des collégiennes, avec le soutien de collectifs féministes, se mobilisent contre des punitions sexistes mises en place par la direction de leur école pour le port de tenues jugées provocantes.
Tout a commencé dans le cycle d’orientation de Pinchat [dans la commune de Veyrier (canton de Genève)], où la direction a sanctionné par le port stigmatisant d’un très grand « T-shirt de la honte », dix filles et deux garçons parce que leurs vêtements étaient jugés indécents et « pas corrects ». À leur arrivée à l’école, les élèves ont dû défiler devant une haie de juges formée par la direction qui divisait les élèves en deux catégories : tenues jugées « correctes » et « incorrectes ». Depuis de nombreuses années, cette pratique a lieu sous différentes formes dans les cycles du canton. Les réseaux sociaux se sont agités, des mères d’élèves ont écrit leur indignation et le collectif pour la grève féministe a été interpellé par des élèves, des anciennes élèves et une mère qui sont venues partager leur colère et appeler au soutien. #BalanceTonÉcole a recueilli sur Instagram une multitude de témoignages dévoilant des expériences douloureuses de sexisme vécu dans les écoles.
Vives réactions et forte médiatisation
Le collectif a immédiatement réagi et réuni plusieurs groupes féministes de collégiennes, d’étudiantes (dont les Meufx) et de personnes en formation. Après une petite réunion, il a été décidé d’aller faire une haie d’honneur, de solidarité et de colère au cycle concerné le matin à l’arrivée des élèves. Toute la presse genevoise était là.
Très vite, les filles victimes des sanctions et toutes leurs amies sont venues témoigner et ont rejoint les rangs de ce rassemblement qui devenait de plus en large et plus combatif.
Après une très bonne couverture médiatique, tout Genève parlait de ces T-shirts humiliants et sexistes. L’indignation se répandait largement dans les milieux féministes et progressistes.
Lundi 5 octobre, la mobilisation commence à porter ses fruits : le canton de Vaud décrète l’interdiction des « T-shirts de le honte » dans ses écoles et, finalement, le DIP genevois annonce la suspension de cette punition infâmante et l’ouverture d’une réflexion… Mieux vaut tard que jamais ! C’est une première victoire remportée par les féministes et leurs alliés et un premier recul de Mme Emery-Torracinta, une brèche dans sa rigidité rétrograde.
Une victoire d’étape
Là ne s’arrête pas la bataille. Un projet de loi est en préparation. Il vise l’abrogation de l’alinéa 5 de l’Art. 115 de la LIP (Loi sur l’Instruction publique) disant que les élèves doivent « porter des tenues correctes et adaptées ». De plus, un avocat mandaté par un collectif d’élèves, de parents et de citoyenEs relève le caractère anticonstitutionnel des mesures stigmatisantes concernant les vêtements dans les écoles. Mme Emery-Torracinta devra y répondre.
La lutte continue pour le retrait de toutes les sanctions concernant les tenues des élèves. Une réflexion générale, intégrant les points de vue féministes, est nécessaire afin de développer l’égalité de genre dans les milieux scolaires, y combattre le sexisme, l’homophobie ainsi que la transphobie. Les élèves ont besoin d’outils, de moyens et d’espaces pour dénoncer les mots, comportements et gestes sexistes, hypersexualisants et humiliants de la part d’enseignants ou de camarades. Les témoignages des élèves victimes doivent être entendus, écoutés, pris en considération et respectés. Il faut que des mesures concrètes et immédiates soient mises en place pour faire cesser les actes et les propos discriminants et intolérables.
#OnLâcheRien, la lutte contre le sexisme dans les écoles continue !