Tiphaine Ardouin est coordinatrice du Réseau aquitain pour le développement et la solidarité internationale (Radsi) et membre du comité de pilotage de l’Université d’été du Centre de recherche et d’information sur le développement (Crid). Quel est le but de cette Université d’été ?L’Université d’été de la solidarité internationale, que nous accueillons cette année en Aquitaine1, est un temps de formation et d’échanges sur les questions de la solidarité internationale et sur les grands enjeux de la mondialisation et du développement. C’est une université populaire par les sujets abordés, ses formes d’animation et le fait qu’elle est portée par des acteurs de terrain. Une centaine d’organisations nationales et locales, dont une dizaine d’Aquitaine, sont impliquées dans les modules et ateliers. Organisée tous les deux ans par le Centre de recherche et d’information sur le développement (Crid), lui-même regroupant une cinquantaine d’associations, l’université est pour les centaines de militants qui y participent un temps de rencontres, de confrontations et de ressourcement. Avec de vraies rencontres entre des militants du « Sud » et de l’« Est », dont des personnalités de premier plan (voir liste sur notre site). Quels sont les liens avec le Forum social mondial ?Le Crid est impliqué depuis l’origine dans la logique des forums sociaux. Ces derniers ont décidé d’un processus plus permanent, plus global, plus décentralisé, auquel nous participons. Il y a aussi cette année une convergence des sujets abordés. Notre volonté est de mélanger des publics et des acteurs ayant des positions différentes. Les militants partant de points de vue différents – l’environnement, les migrations, l’international –, nous devons tendre vers des solutions communes et une construction cohérente car trop de dispersion rend notre parole inaudible. L’université d’été défendra l’idée d’une sortie de crise par la solidarité. Le capitalisme néolibéral est ébranlé. Il faut faire entendre l’exigence d’un autre mode de développement économique et social, imposer des règles contraignantes à la folie financière et à la concurrence débridée, remettre au centre l’humain et le respect de l’environnement. Quel est le thème de cette année ?Nous avons choisi « Écologie, social, libertés, la solidarité internationale comme sortie de crises ». L’échec des politiques suivies ces dernières années est patent. Les inégalités se sont creusées, tant à l’intérieur de chacune de nos sociétés qu’entre celles du Sud et les nôtres. La circulation des capitaux s’est accélérée et la circulation des hommes et des femmes se heurte à toujours plus de barrières, la liberté d’expression et d’action est aussi mise à mal. Nous sommes en plus devant un défi écologique majeur qui nous permet à nouveau d’affirmer qu’un autre monde est possible et qu’il faut le construire. Ce sont de nouvelles façons de voir qui doivent nous guider. Il n’y a pas de solution dans l’isolement. Le retour sur le national peut être source de conflits supplémentaires. En revanche, la relocalisation, qui passe par la prise en compte des « identités locales » économiques ou culturelles, peut être reconnue dans la démarche de solidarité internationale. Comment l’université est-elle organisée ?Penser local et global, agir local et global. Cela signifie rechercher sans démagogie l’organisation d’une manifestation responsable et durable, sur le plan social comme écologique. Cela veut dire recherche de parité, accessibilité par les tarifs, incitation au co-voiturage et au logement chez l’habitant, accessibilité aux handicapés… Avec les restaurants universitaires, nous essayons qu’à chaque repas il y ait des produits locaux de saison et si possible biologiques. Cette démarche est un galop d’essai que nous voulons généraliser. L’université d’été fait aussi l’objet d’un partenariat avec la commission Agenda 21 de l’université de Bordeaux dont l’objectif est de tester des actions qui pourront être pérennisées. L’université d’été est véritablement un espace de formation, d’échanges et par dessus tout de ressourcement pour les militants. Bref, on vous attend !1. L’Université d’été de la solidarité internationale aura lieu à Pessac (Gironde) et sur le campus de l’Université Bordeaux 3, du 7 juillet au 10 juillet. Au programme : deux tables rondes, onze modules de formation, 32 ateliers, des soirées culturelles, un village associatif, etc.Renseignements et inscriptions dès que possible et avant le 20 juin sur www.universite-si.org Propos recueillis par Roger Devaneusea