Publié le Jeudi 4 juillet 2024 à 12h00.

USA : crise au sein du Parti démocrate : vers un nouveau candidat ?

L’échec désastreux du président Biden lors du débat télévisé du 27 juin qui l’opposait à son rival, l’ancien président Donald Trump, a provoqué une crise au sein du Parti démocrate, certains appelant le parti à choisir un nouveau candidat.

 

Au cours du débat, qui a été suivi par 51,3 millions de téléspectateurs, les démocrates ont vu avec angoisse Biden, âgé de 81 ans, s’exprimer d’une voix qui n’était parfois qu’un chuchotement bruyant, se montrer faible, hésitant et parfois confus. Dans une réponse incohérente, Biden a fini par dire que « nous avons finalement battu Medicare », un programme de santé gouvernemental qu’il s’est battu pour défendre et étendre.

Une convention démocrate en août

La panique s’est immédiatement emparée du parti. Certains dirigeants et donateurs du Parti démocrate ont suggéré que le parti devrait peut-être trouver un nouveau candidat. Le New York Times, premier journal du pays, a publié un éditorial intitulé : « Pour servir son pays, le président Biden devrait quitter la course ». La convention nationale du Parti démocrate, qui se tiendra du 19 au 22 août à Chicago, choisira en dernier ressort le candidat du parti et, si Biden est disposé à se retirer, pourrait sélectionner quelqu’un pour le remplacer. Pour l’instant, Biden lui-même a déclaré qu’il maintenait le cap.

Attaques et mensonges de Trump

Trump a dominé le débat avec son style typique de grandiloquence, de vantardise et de belligérance. Il a qualifié à plusieurs reprises Biden de « pire président », de « pire commandant en chef », de président qui a créé « la pire frontière », « la pire situation avec la Chine ». Il a prétendu, à tort, avoir eu sous sa présidence la meilleure économie, la meilleure situation environnementale, les meilleurs programmes de lutte contre le covid. Il s’en est pris à plusieurs reprises aux politiques frontalières et d’immigration de Biden, affirmant que ce dernier « a permis à des millions de personnes de venir ici depuis des prisons, des établissements pénitentiaires et des institutions psychiatriques pour entrer dans notre pays et le détruire ».

Trump a continué à attiser le ressentiment à l’égard des immigrés. Il a lancé des accusations grotesques à l’encontre de Biden : « C’est lui qui a tué des gens avec la mauvaise frontière, y compris des centaines de milliers de personnes qui sont mortes, et qui a également tué nos citoyens lorsqu’ils sont entrés dans notre pays. Nous vivons actuellement dans un nid de rats. Ils tuent nos concitoyens à New York, en Californie, dans tous les États de l’Union, parce que nous n’avons plus de frontières ». Le meilleur débatteur aurait été mis au défi de répondre aux attaques et aux mensonges de Trump, et Biden était loin d’être le meilleur.

Inquiétudes des électeurEs

Quoi qu’il en soit, Biden n’a pas réussi à contrer les inquiétudes des électeurEs, qui estiment qu’il est trop vieux pour un nouveau mandat présidentiel, et la question est de savoir ce qui se passera dans les deux prochaines semaines. Les dirigeants du parti — Barack Obama, l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, l’actuel président de la Chambre des représentants Hakim Jeffries, le chef de la majorité sénatoriale Chuck Schuster — et l’épouse de Joe Biden, Jill, peuvent-ils être persuadés de lui demander de se retirer ? 

Qui pour remplacer Biden ?

Quels pourraient être les candidats alternatifs du Parti démocrate ? Plusieurs noms ont été cités. Tout d’abord, la vice-­présidente Kamala Harris, bien qu’elle ne soit pas considérée comme efficace ou populaire, et qu’en tant que femme noire, elle pourrait avoir le plus grand mal à remporter l’élection. Parmi les autres possibilités, citons : Gavin Newsome, gouverneur de Californie, Gretchen Whitmer, gouverneure du Michigan, J.B. Pritzker, gouverneur de l’Illinois, et Sherrod Brown, sénateur de l’Ohio. 

Si Joe Biden devait se retirer, les 5 500 délégués des 50 États et de plusieurs territoires (comme Washington, D.C. et Porto Rico) choisiraient le nouveau candidat. Environ 15 % des déléguéEs sont des superdélégués, c’est-à-dire d’anciens présidents, des dirigeants du Congrès, de grands donateurs, des fonctionnaires de longue date du parti et certains représentantEs syndicaux.

On s’est récemment inquiété du fait que les déléguéEs à la convention ne représentaient pas suffisamment les NoirEs et les Latinos. Quant aux déléguéEs progressistes, comme Alexandria Ocasio-Cortez, ils auront peu d’influence sur le choix du ­candidat du parti.

Les démocrates s’en tiendront-ils à Biden ? Nous devrions le savoir dans quelques semaines.

Traduction Henri Wilno