Pour la majorité des jeunes aujourd’hui, ce système n’offre ni présent ni futur. Catégorie de la population déjà la plus touchée par le chômage et la précarité, la crise n’a fait que renforcer leur situation. Le taux de chômage des jeunes a augmenté sept fois plus que celui du reste de la population. Huit jeunes sur dix occupent un emploi précaire. Plus de 10 000 étudiants vivent sous le seuil de pauvreté. Il est presque entré dans les mœurs que les jeunes doivent galérer ! Seulement, pour nos générations la galère ne sera pas seulement un passage. La classe dirigeante veut nous imposer la galère à vie. Réforme après réforme, elle détruit nos futures retraites, le code du travail et nos garanties collectives en tant que salarié, la Sécurité sociale et l’accès aux soins, les services publics… Pour la majorité des jeunes, il est clair que ce système n’offre aucun avenir. On a souvent parlé des jeunes comme d’une génération désabusée, désintéressée de tout et sans rêve. Pourtant, ces dernières années, la jeunesse nous a montré qu’elle n’était en rien une génération résignée. Le mouvement contre le CPE, les mouvements lycéens et étudiants, les révoltes des jeunes des quartiers prouvent que cette génération n’est pas prête à se laisser faire sans rien dire. Au contraire, elle a exprimé une combativité importante qui a souvent redonné le moral face à ces gouvernements qui ne voulaient rien lâcher. Ces dernières années, une nouvelle génération militante formée aux grèves, blocages, manifestations de masse, a émergé. Sa radicalité inquiète les classes dirigeantes qui cherchent à la faire taire en la réprimant, en l’encadrant. La stigmatisation des jeunes de banlieue qu’a alimentée Nadine Morano, mais aussi la répression violente qu’ont subie les mobilisations de la jeunesse avec l’intervention de la police et de l’armée dans les facs et les lycées, construit le mythe d’une jeunesse « ennemi public n°1 ». La jeunesse d’aujourd’hui sait que ce système ne lui offre aucun avenir. Mais loin d’être une génération désabusée, elle sait qu’elle n’a pas d’autre solution que de se battre pour le renverser !
La situation sociale des jeunes
La situation sociale des jeunes rime avec galère. Chaque année la situation s’aggrave qu’ils soient encore dans le système éducatif, en galère d’emploi ou bien jeunes travailleurs.En dessous de 25 ans, les jeunes sont exclus de tous les dispositifs d’aide sociale. Même s’ils ont travaillé, ils n’ont pas le droit aux allocations chômage. Le logement représente plus de 50 % du budget des étudiants en termes de dépenses. Cette année, les loyers ont encore augmenté de 8,1 % à Paris et de 5,6 % en province. En outre, le manque de logements sociaux est criant et celui de places en cité universitaire, très restreint (seuls 7 % des étudiants y trouvent une place). Pour se loger dans le privé, il faut débourser plusieurs centaines d’euros pour quelques mètres carrés et l’insalubrité des logements notamment dans les grandes villes ne fait qu’augmenter. Les jeunes qui n’ont pas d’autres choix, sont prêts à accepter n’importe quel toit pour économiser quelques euros. Par ailleurs, le ticket de restaurant universitaire a augmenté cette année de 10 centimes, les frais d’inscription de 2,4 % en moyenne. Enfin le gouvernement a voulu aller encore plus loin cet été en cherchant à supprimer soit les APL (aide au logement) soit la demi-part fiscale dont bénéficiaient les familles qui déclaraient à charge un enfant dans l’enseignement supérieur. Le contexte politique difficile avec la réforme des retraites et les « affaires » Woerth ainsi que la peur d’une mobilisation de la jeunesse a poussé Sarkozy à reculer sur cette mesure. À l’heure actuelle, être jeune c’est survivre en jonglant entre les factures, la bouffe discount et trouver un job ou obtenir un diplôme qui nous offre de moins en moins de garantie pour le reste de notre vie.
Chômage, précarité, surexploitation...
Le taux de chômage des jeunes en activité en France était de 24,1 % au mois d’août. Depuis 30 ans, il oscille entre 20 et 25 %, deux fois et demie plus que celui des « adultes »... Ces chiffres servent de justification à la mise en place de cadeaux aux entreprises censés favoriser l’embauche des jeunes. Du CIP de Balladur au CPE de Villepin, en passant par les emplois-jeunes de Jospin, la classe dominante cherche à faire des jeunes travailleurs les cobayes de la précarité. Résultat : les jeunes occupent 8 fois sur 10 un emploi précaire (CDD, intérim, contrats aidés). 38 % des intérimaires ont moins de 25 ans, 58 % moins de 30 ans. Depuis les années 1990, l’apprentissage se développe. Il n’est plus réservé aux jeunes sortant du collège et ayant vocation à s’insérer rapidement sur le marché du travail. Les universités et les écoles s’y sont mises. Pour le patronat, c’est tout bénéf : les apprentis sont une main-d’œuvre au rabais et les entreprises qui les embauchent sont totalement exonérées de cotisations sociales. Leurs salaires peuvent s’élever à 25 % du Smic pour les moins de 18 ans en première année d’apprentissage. Et, sauf exceptions très rares, ils ne peuvent excéder 78 % du Smic. Le « RSA jeune » créé en septembre ne doit pas nous tromper. Outre qu’il permet de justifier les bas salaires, il touchera moins de 100 000 actifs de 18 à 25 ans. Pour y avoir droit, il faut avoir travaillé au moins 3 214 heures en trois ans, soit deux années à temps plein. Les stages ne sont pas comptabilisés. Un jeune en activité ayant deux ans d’expérience et qui perçoit 500 euros par mois sans autre ressource, touchera un complément de 215 euros... On est loin du compte !
Casse des diplômes, suppressions de postes, privatisation…
Les attaques successives contre les lycées et l’université (réformes Fillon du lycée en 2005, Darcos-Chatel en 2009/2010… et dans les universités, LMD en 2003, LRU en 2007, réforme de la formation des enseignants…) visent à faire de l’éducation une immense fabrique de précaires à vie, soumise aux intérêts du patronat. Pour cela, la classe dirigeante individualise les diplômes, développe une éducation à deux vitesses dans laquelle une petite minorité pourra obtenir un diplôme permettant de s’en sortir tandis que l’immense majorité devra se contenter de formations courtes, à vocation professionnelle et individualisées ne donnant aucune garantie collective dans le monde du travail. Licence chef de rayon Carrefour, master chargé de clientèle au Crédit Mutuel : voilà les diplômes des jeunes d’aujourd’hui ! La pénurie budgétaire organisée et la nouvelle autonomie financière des universités (LRU) pousse de plus en plus de facs à chercher de l’argent auprès des entreprises privées augmentant ainsi le contrôle de ces dernières sur le contenu des formations. Nous devons donc lutter et nous organiser contre l’ensemble des attaques en exigeant des diplômes de qualité donnant des garanties collectives dans le monde du travail ce qui passe par l’abrogation des contre-réformes libérales de l’éducation de ces dernières années.
La retraite : une affaire de jeunes
Nos générations seront les plus touchées par la réforme que veut faire passer le gouvernement avec l’allongement de la durée de cotisation et le recul de l’âge légal de départ à la retraite. La durée d’étude et de formation s’allonge et la pression du chômage de masse pousse les jeunes à acquérir toujours plus de diplômes pour espérer s’en sortir. La réforme de la formation des enseignants, par exemple, oblige maintenant à être titulaire d’un bac+5 pour passer les concours. Si bien que la moyenne d’âge d’insertion sur le marché du travail avoisine les 27 ans. Si la contre-réforme des retraites est adoptée, il faudra cotiser 41,5 annuités pour toucher une pension à taux plein. Alors en commençant à travailler à 27 ans, autant dire que ce sera mission impossible pour les jeunes. Mourir au travail en nous obligeant à travailler jusqu’à 67 ans ou partir avec des retraites de misère : voilà l’avenir qui est réservé aux jeunes générations. Les jeunes sont donc pleinement concernés par cette contre-réforme et doivent prendre toute leur place dans la mobilisation. Obtenir le retrait de la réforme est nécessaire pour que les jeunes aient une retraite plus tard. Nous devons aussi exiger le retour aux 37,5 annuités de cotisation et la comptabilisation des années d’études et de formation dans le calcul des annuités. Le scandale de la retraite des apprentis :Le gouvernement se préoccupe soi-disant du sort des « carrières longues ». Les jeunes qui commencent à travailler le plus tôt sont souvent des apprentis en alternance. Ils ne cotisent pas à la retraite en fonction du nombre d’heures de travail effectuées mais en fonction d’une « assiette forfaitaire ». Ainsi, pour un jeune de 16 ans touchant 25 % du Smic, les cotisations retraites ne sont calculées que sur 4 % du Smic. Quel sera alors le montant de sa retraite lorsqu’il voudra partir à 56 ans ?
Encadrement, contrôle familial, retour à l’ordre moral…
La jeunesse est une catégorie de la population particulièrement encadrée par toutes les institutions : la famille, l’école… Le propre des jeunes est de ne pas pouvoir décider eux-mêmes de leur vie. Alors que la loi nous autorise à travailler dès 16 ans, il faut attendre 18 ans pour voter. Au collège, au lycée, les jeunes sont placés sous l’autorité des profs, des proviseurs, des CPE. Les mobilisations lycéennes de ces dernières années ont donné lieu à une répression administrative importante (exclusion d’élèves pour fait de grève, heures de colle, contrats scolaires…). Le message était clair : soit jeune et tais-toi ! Les jeunes ne disposent souvent d’aucune autonomie financière. Ils dépendent de leur famille qui les empêche parfois de faire leurs propres choix d’études, de carrière ou de sexualité. La moitié des étudiants vivent chez leurs parents, le plus souvent pour des raisons financières. Le suicide est la 2e cause de mortalité chez les jeunes. Le taux de suicide est 15 % plus élevé chez les jeunes homosexuels. Pouvoir choisir, c’est aussi disposer d’une contraception libre, gratuite et accessible à tous et toutes. Trop souvent encore, les jeunes filles dépendent de leurs parents pour acheter leur pilule puisque toutes ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale. Et si la loi oblige dorénavant les infirmières scolaires à délivrer la pilule du lendemain, avec les suppressions de postes, l’infirmière n’est présente qu’une matinée par semaine dans la majorité des lycées.
Répression : les jeunes, ennemis publics n°1
Les jeunes subissent de plein fouet la répression de l’appareil d’État. Les mouvements et révoltes de la jeunesse déchaînent la violence policière la plus féroce : arrestations et sanctions arbitraires qui ont pour but de faire taire une nouvelle génération militante par tous les moyens nécessaires. Cet été, cinq jeunes de Villiers-le-Bel ont été condamnés à des peines de prison fermes de trois à quinze ans, sur la base de témoignages anonymes, dans un procès à quasi huis-clos. La mort de Karim Boudouda à la Villeneuve (Grenoble) aux mains de la police, et la colère des habitants du quartier, ont suscité de la part du gouvernement des déclarations plus sécuritaires et plus racistes que jamais. Il propose de réformer l’ordonnance de 1945 concernant l’enfance délinquante pour appliquer la majorité pénale à partir de 16 ans ! Il s’agit bien d’un durcissement des politiques répressives déjà en vigueur. Des politiques qui accompagnent toutes les autres réformes antisociales contre l’éducation et les conditions de vie des jeunes des classes populaires. Alors que 80 000 postes sont supprimés dans l’Éducation nationale, des équipes spéciales de policiers et de gendarmes sont déployées dans certains lycées pour « lutter contre la délinquance ». Aussi, pour faire des jeunes les plus pauvres des boucs émissaires, pour faire passer des politiques de casse sociale généralisée, un projet de suppression des allocations familiales pour les familles des mineurs arrêtés est mis en place depuis cette année. Face à un système qui remplace la formation par l’encadrement, les profs par les flics, il est clair que tous les mouvements de la jeunesse nécessiteront une réelle lutte collective contre la répression de l’État. Contre les matraques, les tasers et les tribunaux… pour désarmer la police, organisons la résistance !
Nous voulons :
- Retrait du projet de loi sur les retraites - 37,5 annuités, prise en compte des périodes d'études et de formation et d'inactivité forcée - Allocation d'autonomie pour tous les jeunes, financée par le patronat
- Abrogation des contre-réformes de l'Éducation (Fillon, Chatel) et de l'enseignement supérieur (LMD, LRU) ; des diplômes nationaux et de qualité égaux sur tout le territoire
- Arrêt des suppressions de postes dans la fonction publique, notamment dans l'Éducation, restitution des postes supprimés
- Dissolution de la BAC, pas de flics dans les lycées et les universités, abrogation des lois sécuritaires
- Accès à la contraception gratuite dans les lycées et les universités ; avortement libre, gratuit et accessible.