Publié le Jeudi 9 avril 2009 à 18h41.

"Le printemps des services publics "

Engagé dès l'origine dans la Convergence des collectifs de défense et de développement du service public, Christian Nguyen, tête de liste NPA aux européennes en région Centre, appelle à soutenir la campagne « Printemps des luttes pour le service public ». 

 

 

Quand on parle des services publics, il devient franchement difficile de trouver quelqu'un pour les contester en bloc. Même le gouvernement adore le service public ! A tel point qu'il voudrait les « moderniser », ce qui veut dire, en langage décodé, privatiser ce qui est rentable et laisser le reste à la charge de la collectivité. L'enjeu est de taille, surtout dans une conjoncture mondiale où les populations diminuent leur consommation pour ne préserver que l'essentiel, le vital. Au-delà de l'aspect mercantile du grand patronat, qui consiste à voir dans les secteurs publics ouverts à la concurrence un nouveau marché jusque-là protégé, il y a une raison encore plus abjecte, celle qui consisterait à détenir le monopole de la vente de services dont les gens ne peuvent pas se passer.

L'accès à l'énergie, à la santé, à la communication, aux transports et à l'éducation, par exemple, est vital pour toute société, empêcher quiconque d'en bénéficier sous prétexte qu'il ne peut le payer est inconcevable. C'est pourtant ce qui se fait. Toutes les mesures visant à offrir des pans de services publics aux entreprises privées ont conduit à augmenter la participation financière des usagers transformés en clients. Il n'est pas rare de voir des familles renoncer à des soins, faute de pouvoir se payer une mutuelle capable de compenser ce qui n'est plus pris en charge collectivement.

Dans cette période de crise, qui va malheureusement durer, certains nous reparlent de protectionnisme, opposant alors les peuples entre eux. Moi, je pense qu'il faudrait effectivement parler de protectionnisme, mais de protectionnisme social, celui qui donnera le même accès à l'eau, aux soins ou à l'alimentation, que l'on habite à Neuilly, Varsovie ou Mogadiscio.

Nous avons besoin d'un véritable choix de société, et non d'un simple pragmatisme comptable, comme le claironne le gouvernement à longueur de journée en agitant le chiffon rouge du déficit public, à l'heure où les « grands de ce monde » ont fait sortir 1000 milliards de dollars de leur chapeau. Je pense que ceux qui traitaient le service public d'archaïque devraient comprendre qu'il est au contraire très adapté, et même une des solutions à la crise.

Les citoyens et les citoyennes qui sont mobilisés pour défendre leurs hôpital, maternité, université, classe élémentaire, bureau de poste ou voie de chemin de fer - et si possible avec des arrêts en gare -, comprennent bien que le service public est un rempart face à la crise du système capitaliste et que leur vie serait encore plus difficile sans cette proximité et égalité de traitement.

Alors, si nous sommes si nombreux à le penser, pourquoi n'arrivons-nous pas à globaliser nos luttes ? C'est pour cela que je participe à la Convergence des collectifs de défense et de développement du service public, qui tisse des liens avec ténacité. Depuis sa création à Guéret, en 2005, les choses ont fait boule de neige et avancé sur des points capitaux, quand on s'intéresse un tant soit peu à la volonté de travailler à une réelle unité. Tout d'abord, en affirmant que les secteurs sont attaqués selon une même cohérence politique, en gros, la réforme générale des politiques publiques (RGPP). Ensuite, en aidant à la mise en place de collectifs locaux associant des citoyens, des élus et des organisations syndicales, politiques et associatives, seule solution pour combattre efficacement, dont l'illustration pratique a été donnée dernièrement en Guadeloupe par le LKP.

Mais l'unité n'est pas toujours chose aisée, surtout dans la durée. S'il n'est pas rare, localement, de voir des luttes converger y compris entre le privé et le public, les choses sont, nationalement, beaucoup plus compliquées, et souvent limitées à l'addition de noms d'organisations sur le papier, qu'on ne voit que trop rarement sur le terrain. C'est pour cela, après les mobilisations des 29 janvier et 19 mars et avec la perspective du 1er Mai (dont les revendications associent le privé et le public), que la Convergence appelle à un « Printemps des luttes pour le service public », dans la continuité de la campagne « Le service public est notre richesse ». Elle voit déjà converger d'autres campagnes, comme celle contre la loi Bachelot, celle du collectif contre la privatisation de La Poste, et bientôt peut-être celle de « L'appel des appels ». Ce printemps sera ce que nous en ferons, une médiocre copie de l'hiver avec quelques degrés en plus, ou les prémices d'un été chaud et revigorant. 

Christian Nguyen