Publié le Lundi 29 avril 2024 à 10h00.

Face à la transphobie, défendre nos droits et en gagner de nouveaux !

Sans surprise, après la parution du rapport bidon d’Eustache-Brinio sur la « transidentification des mineurs » (sic), le groupe LR du Sénat a déposé une proposition de loi « visant à encadrer les pratiques médicales mises en œuvre dans la prise en charge des mineurs en questionnement de genre » qui sera inscrite à l’ordre du jour de leur prochaine niche parlementaire le 28 mai 2024.

En guise « d’encadrement », la proposition de loi souhaite en réalité interdire les transitions des mineurs et préconise à la place « des soins psychiques », c’est-à-dire des thérapies de conversion. Ces thérapies de conversion, pourtant interdites par la loi du 31 janvier 2022, visent à repousser indéfiniment tout accès à la transition en les remplaçant par des séances chez le psy jusqu’à ce que la personne concède « ne plus être trans » ou « ne plus vouloir transitionner ».

Dans le même temps, le Rassemblement national vient d’annoncer le dépôt d’une proposition de loi visant là encore à interdire les transitions des mineurs3.

Offensive réactionnaire et antitrans

La droite et l’extrême-droite, s’unissant autour de la haine anti-trans, appliquent à la lettre le manuel des chrétiens intégristes aux États-Unis, qui ont su imposer des centaines de lois transphobes. D’abord, on cible les enfants trans, puis les adultes en bloquant aussi bien l’accès à la transition (d’abord 18 ans, puis 25 ans, puis à tout âge) que la possibilité de changer d’état-civil ou la protection contre les crimes de haine…

Dans ce contexte, l’offensive antitrans sert de première étape aux réactionnaires du monde entier pour liquider les droits des LGBTI, les droits des femmes, et en premier lieu l’avortement. Ce qui est aussi en jeu, c’est la défense des droits reproductifs, du droit à disposer librement de son corps.

Et le fait que « l’Union des droites » se formalise ici grâce à la transphobie peut et doit nous alerter à court, moyen, et long terme. En attendant, le rapport de forces ne nous est pas complètement défavorable.

Des campagnes en cours

En premier lieu, l’annonce par Aurore Bergé1, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, que le gouvernement s’opposerait à la proposition de loi transphobe d’Eustache-Brinio est une bonne nouvelle2. Cette prise de position va permettre de mettre la pression sur l’ensemble de la « gauche plurielle », qui ne peut pas se permettre d’être moins-disante que la macronie sur les questions LGBTI face à la droite et à l’extrême droite.

Une pétition spontanée initiée par « Le coin des LGBT+ » contre les propositions de loi transphobes a dépassé les 40 000 signatures en quelques jours, débordant des milieux LGBTI, militants ou non. Dans le même temps, la campagne « Juge pas mon genre » – portée par l’association Toutes des Femmes pour obtenir le changement d’état-civil sur simple demande – gagne en influence.

Le moment est donc opportun pour passer à l’offensive et gagner de nouveaux droits, au lieu de se contenter de répondre à la moindre polémique initiée par les activistes antitrans.

C’est d’ailleurs dans cette atmosphère politique que Mélanie Vogel, sénatrice EÉLV des Français de l’étranger, a déposé une proposition de loi pour obtenir ce changement d'état-civil libre et gratuit. Au vu de la composition du Sénat, il est probable que cette proposition de loi ne soit pas votée immédiatement, mais elle peut servir de point d’appui pour la mobilisation.

Mobiliser le mouvement social

Au-delà des discussions parlementaires, nous n’obtiendrons de nouveaux droits que par la mobilisation de tous et toutes, ensemble. Nous devons faire du changement d’état-civil sur simple demande, libre et gratuit – comme cela se fait en Irlande, en Espagne ou depuis quelques jours en Allemagne et en Suède – une revendication centrale des futures Marches des Fiertés à venir jusqu’à l’Existransinter, et après.

Cette revendication doit être reprise par l’ensemble du mouvement social, du mouvement féministe, de la gauche syndicale et politique, pour frapper et gagner ensemble. Par l’unité, nous ferons également reculer l’extrême droite et les réactionnaires, leurs idées, leurs discours. Et en gagnant ces nouveaux droits, nous remobiliserons notre camp social, nous renforcerons les droits des personnes trans, des LGBTI, en France et à l’étranger.

Face à l’offensive transphobe, tous et toutes ensemble, résister et contre-attaquer !

Sally Brina