Comme chaque année, Michelin a tenu, le 15 mai à Clermont-Ferrand, l'assemblée générale de ses actionnaires. Mais cette année, des salariés ont joué les trouble-fête.
Une grande première. Enfin, les travailleurs de Michelin se sont mobilisés contre leurs exploiteurs. Cela faisait huit ans que la LCR essayait de faire en sorte que cela puisse exister. Chaque année, appel à la mobilisation, quelquefois unitaire avec Attac, la Ligue des droits de l'Homme et certains syndicats, échec de la mobilisation, une centaine de personnes se retrouvait devant le Polydôme, le Palais des congrès de Clermont-Ferrand, lieu de la grand-messe Michelin.
Cette année, les choses ont changé. Le 15 mai, des délégations de travailleurs, de la Haute-Loire, de Saône-et-Loire et d’ailleurs, ont convergé pour se rassembler. La combativité était là; l’appareil d’Etat, avec ses policiers et CRS, aussi. Très vite, les travailleurs, avec leurs dirigeants syndicaux, ont commencé à investir les lieux, mais une charge policière est parvenue à les exclure du Polydôme. Ils ont donc formé une haie d’honneur pour accueillir les actionnaires. « Vous êtes contents, vous venez applaudir le discours de la firme Michelin »; d’autres quolibets fusaient de partout, toujours dignes. L’ambiance électrique, du fait de la présence policière, s’est vite communiquée à l’ensemble des manifestants. Les actionnaires ont souffert. Quelques-uns ont tout de même dit le fond de leur pensée: « Vous devriez être au travail », « Heureusement que nous sommes là pour vous donner du travail », toutes réactions qui alimentaient les sifflets de la foule et nombre d’actionnaires sont entrés couverts d’autocollants syndicaux.
Vers 10 heures, les manifestants se regroupaient pour entendre les interventions des syndicats qui, dénonçant l’exploitation et la stratégie de délocalisation de la firme, ont été applaudies. Un cortège a pris forme pour se diriger vers le centre social de la multinationale, où des pneus ont été symboliquement brûlés. Le NPA a diffusé un tract et ses militants ont engagé des discussions fructueuses avec les travailleurs.
L’état d’esprit de bon nombre d'entre eux, confrontés à la réalité de l’avidité des actionnaires, change. Le paternalisme de Michelin disparaît à grande vitesse; nombre d’employés ne se laisseront plus tromper par l’idéologie de l’entreprise.
Actuellement chaque travailleur subit la pression de la hiérarchie, les cadences de travail deviennent infernales, l’objectif de la plus-value prime. Tout le monde s’en rend compte. Chaque année, espérons-le, ce rendez-vous pourra se reproduire, contre la volonté des actionnaires de voir leurs profits se multiplier, pour remettre en cause ce système d’exploitation.