Publié le Mardi 5 mai 2009 à 17h26.

Obstinés contre Pécresse

Le mouvement des universitaires, démocratiquement organisé et coordonné, se poursuit. 

Le mouvement des universitaires, démocratiquement organisé et coordonné, se poursuit. 

Il y a des colères qui viennent de loin. Celle des universités en est un exemple. Cela fait des années que les conditions de travail à l’Université et dans les organismes de recherche (CNRS, Inserm) se dégradent. De plus en plus de jeunes chercheurs y galèrent jusqu’à 30, voire 35 ans, pour trouver un CDI. Ils enchaînent les contrats courts, souvent contraints à venir bosser le week-end, très souvent payés neuf mois sur douze et sans réelles perspectives. Ceux qui ont réussi à tenir et ont finalement obtenu un poste permanent, passent le plus clair de leur temps à remplir des dossiers pour mendier quelques euros qui permettront de financer leurs recherches.

Cette situation n’est pas le fruit du hasard, c’est le résultat d’un politique menée  depuis des années par les gouvernements successifs visant à rendre les universités compétitives, à supprimer toutes les filières non « rentables » et à favoriser l'« employabilité » immédiate, au détriment de la qualité des diplômes qui seule permet aux étudiants d’avoir des garanties dans le monde du travail.

Les universitaires vont continuer à se battre. Valérie Pécresse a beau les mépriser et les menacer, ils ne sont pas prêts à s’arrêter. La coordination nationale des universités, réunie le 29 avril à la Sorbonne, appelle à ne pas tenir les examens. 73 établissements sur 84 ont voté cet appel. 51 universités sont toujours en grève totale ou partielle.

Les universitaires savaient que le bras de fer, engagé le 2 février, n’était pas gagné d’avance. Mais, après trois mois de lutte et pas moins de douze manifestations nationales, les acquis sont nombreux. Ils se sont dotés d’une coordination nationale qui dirige légitimement le mouvement sans attendre les consignes syndicales. Les pressions de la base ont permis que le syndicat majoritaire (Snesup-FSU) reprenne assez largement à son compte les préalables à toute négociation définis par la coordination nationale. Des porte-parole sont élus par cette coordination ce qui permet aussi au  mouvement de choisir qui le représente dans les médias.

Au delà de ces expériences d’auto-organisation, les rapports au sein des universités sont en train de changer. Les collègues défendant la loi d’autonomie des Universités (LRU) sont aujourd’hui très rares. Ainsi, une pétition de soutien à Pécresse atteint poussivement, trois mois après son lancement, 300 signatures. Les liens entre les enseignants-chercheurs et le personnel non enseignant (Biatoss) se créent ou se renforcent. Les Biatoss sont toujours en première ligne des attaques gouvernementales avec des salaires bloqués, des conditions de travail qui s’aggravent, des menaces contre les grévistes. Aujourd’hui, il est possible de mener une lutte d’ensemble à l’Université, qui associe toutes les catégories de personnels et les étudiants.

Il s'agit de pousser ce mouvement maintenant le plus loin possible et de le maintenir dans la durée (en particulier en  commençant à réfléchir aux moyens de poursuivre le mouvement à la rentrée en évitant la récupération gouvernementale qu'avait connu le mouvement de 2003-2004). Dans le climat social actuel, il est possible de transformer cette lutte historique en victoire historique.  

Commission Université-Recherche du NPA