L’Histoire ne fait rien. Ce sont les êtres humains, les groupes sociaux, les classes sociales, les organisations agissantes pratiquement… ou passives qui font l’histoire. Pas les larmes, l’indignation ou même la colère, qu’elles s’expriment en tweets, en textes ou en tribunes si elles ne se traduisent pas en mobilisations collectives.
«IndignéEs levez vous ! » a écrit la Marche des solidarités avec les collectifs de sans-papiers pour appeler à construire les manifestations du 18 décembre à l’occasion de la Journée internationale des migrantEs.
Unir les forces pour inverser la dynamique actuelle
Qui peut encore croire qu’une société qui laisse faire l’intolérable aujourd’hui ne donnera pas naissance à pire encore demain ? Cette société qui parfois s’indigne mais regarde impuissante, puis oublie les campements infâmes de migrantEs à flanc de périphérique, les flics rigolards pourchassant les migrantEs à Calais, les expéditions mortelles en Manche, l’enterrement d’un enfant d’un an par ses parents dans une forêt entre la Biélorussie et la Pologne, les milliers de mortEs en Méditerranée et dans l’archipel des Comores, les interdictions d’associations pour la seule raison qu’elles sont musulmanes, les crimes commis par la police contre des jeunes parce qu’ils sont noirs ou arabes…
Qui peut croire que cette société-là ne se donnera pas demain à une barbarie encore plus grande ?
Pas possible de se cacher derrière un sapin, surtout de Noël. L’Histoire ne fera pas de mot d’excuse. On ne parle pas ici des puissants, on sait de quel côté de l’histoire ils et elles sont.
On parle là de toi, de moi et surtout de nous.
Cette année, les collectifs de sans-papiers et la Marche des solidarités ont proposé à tous les fronts de lutte contre le racisme et le fascisme, à tous les collectifs, associations, syndicats, partis mais aussi à toutes les organisations de la société dite « civile » quelles qu’elles soient, de se lever ensemble, d’unir les forces pour inverser la dynamique actuelle des événements. Pour agir sur l’Histoire.
Pour cette raison les manifestations du 18 décembre ne seront pas uniquement l’occasion de montrer la réalité de la solidarité avec les migrantEs mais de lancer une campagne « contre le racisme et pour la solidarité ».
« Notre pays s’appelle Solidarité »
L’appel qui tourne va être lancé publiquement avant le 18 décembre : « D’où que l’on vienne où que l’on soit néE, notre pays s’appelle Solidarité ». Ce pays n’est pas la France, son État raciste et policier, ses milliers de fascistes s’organisant derrière Zemmour, Le Pen ou Ciotti. Il existe partout où s’organise la solidarité, la force collective d’agir ensemble. Il doit se montrer, se lever, faire force et faire envie.
Ce pays existe encore. Il existe sous de multiples formes dans les quartiers de Marseille qui virent Zemmour, à Calais autour d’une église, dans les vallées des Alpes ou d’Ariège qui aident les migrantEs, autour des comités mobilisés aux côtés des familles de victimes de violence policières, autour de la brigade des mères de Belleville à Paris, dans les réseaux qui se mobilisent contre une expulsion, lors d’un rassemblement des agentEs de la RATP contre l’islamophobie dans le 20e arrondissement à Paris et dans de multiples autres endroits où l’on se rassemble…
L’appel s’ouvre par une citation de Fred Hampton, leader des Black Panthers de Chicago qui disait en mai 1969 : « Nous n’allons pas combattre le racisme par le racisme mais par la solidarité ». Il était en train de construire une coalition regroupant différentes organisations de différentes communautés mais aussi le plus gros gang de jeunes de la ville et des organisations de la gauche blanche. Il mettait en place aussi des cours de soutien scolaire, des cantines, etc. dans les quartiers. Initiative bien trop dangereuse pour les intérêts des puissants. Quelques mois plus tard il fut abattu, dans son sommeil, par la police. Il avait 21 ans.
Il n’y a plus le temps, plus de mot d’excuse, plus de calcul. Le 18 décembre doit être le début de la riposte.