Le dispositif « ABCD de l’égalité » avait été mis en place l’an dernier, avec l’accord conjoint du ministère de l’Éducation et de celui des Droits des femmes. On peut donc s’en douter : rien de bien révolutionnaire derrière tout ça... Et pourtant ce gouvernement recule encore !
À partir du constat que « les inégalités de traitement, de réussite scolaire, d’orientation et de carrière professionnelle demeurent bien réelles entre filles et garçons », il s’agissait « d’agir dès l’école primaire pour lutter contre la formation de ces inégalités dès le plus jeune âge, en agissant sur les représentations des élèves et les pratiques des acteurs de l’éducation. » Il offrait « aux enseignants des outils et des ressources pour aider à la prise de conscience des préjugés, dans et hors la classe, et transmettre une culture de l’égalité entre les sexes » (d’après le site du du Centre national de documentation pédagogique). Le dispositif a été mis en œuvre cette année à titre expérimental dans 275 écoles (sur 48 000), et a été évalué par l’inspection générale. Le rapport devrait être rendu public prochainement, mais Benoît Hamon l’a déjà annoncé : « la conclusion du rapport de l’inspection générale, c’est que le bilan des ABCD est positif ». Enfin une bonne nouvelle ! Et donc ? Le même Benoît Hamon a annoncé que ce dispositif au « bilan positif » non seulement ne sera pas généralisé, mais qu’il passait tout simplement aux oubliettes !
« Apaiser » la réaction ?En effet, le ministre « veut apaiser ». Apaiser qui ? les excités de la « Manif pour tous » et autres réactionnaires (notamment autour de Farida Belghoul) qui veulent voir les petites filles en robe rose et les petits garçons en pantalon bleu. Au-delà de ces clichés vestimentaires, c’est tout un projet réactionnaire et inégalitaire qui se développe : ils ne supportent pas l’idée d’une société où chacun et chacune, quelle que soit son sexe, son genre et son orientation sexuelle puisse être traité à égalité. Pour eux, quelle hérésie que de vouloir faire réfléchir les enseignants et les enfants à la place qu’ils et elles occupent dans la cour de récréation, à leurs jeux et activités, à leurs qualités et défauts présumés ! Pourquoi ouvrir le champ des possibles pour les avenirs professionnels de chacunE ? Ouvrir l’imaginaire des petites filles vers des secteurs professionnels traditionnellement masculins ? Pour tenter de se gagner l’opinion, ces réactionnaires de tout poil ont propagé l’idée d’une « théorie du genre » qui amènerait les enseignants à pervertir les enfants (on obligerait les petits garçons à porter des robes et les petites filles à se masturber !). La réalité, c’est que ces réacs ne veulent tout simplement pas de l’égalité des droits et des choix pour les écolierEs. Et c’est pour « apaiser » ces gens-là, ces excités réactionnaires et fascistes, que le gouvernement a une fois de plus reculé. En lot de consolation, un « plan d’actions pour l’égalité filles-garçons à l’école » qui ne trompe personne. Le ministre prétend que la formation sera généralisée à tous les enseignants, alors qu’en réalité elle ne concernera que les enseignants nouvellement nommés. Pour tous les autres, une énième « mallette pédagogique », que les enseignants auront le choix de consulter, ou pas, puisque le ministre rappelle leur « liberté pédagogique » : l’éducation à l’égalité, ce sera donc une option à moduler selon le point de vue de chacun. Une riposte doit s’organiser ! Un collectif, rassemblant des associations féministes, des syndicats et des associations de parents d’élèves a lancé une pétition et a appelé à un premier rassemblement ce mercredi 2 juillet. Le NPA s’associe bien sûr à toutes ces initiatives.
Catherine Stotzky