Les derniers jours de 2012 laisseront à toutes celles et tous ceux qui luttent depuis des années pour la régularisation de tous les sans-papiers un goût amer. Celui d’un premier flic de France, soi-disant « socialiste », droit dans ses bottes, assumant de livrer aux autorités algériennes deux grévistes de la faim, arrachés à leurs camarades de lutte, expédiés dans un sinistre camp de rétention puis embarqués de force sur un vol Paris-Alger.Que pouvait-on faire de pire en matière d’affichage de la politique que l’on entend mener en ce qui concerne les plus opprimés, les plus exploités par le patronat que ces expulsions ? Qu'y-a-t-il de différent avec les pratiques révoltantes de la droite que nous n’avons cessé de dénoncer pendant le règne de Nicolas Sarkozy ? Tel un Hortefeux ou un Guéant, Manuel Valls n’est habité que par une obsession, celle de ne pas apparaître comme laxiste par rapport aux exigences de la droite et de l’extrême droite. C’est toute une politique de renoncement qui est en train de se mettre en place, et qui ne concerne pas seulement l’abdication devant la loi du marché, mais aussi l’abandon des promesses timides contenues dans le programme de Hollande.
Concentration homophobe et racisteDevant un tel profil de capitulation, la droite et l’extrême droite se sentent pousser des ailes, et fortes du succès de leur première manifestation contre le mariage pour touTEs, elles entendent faire du 13 janvier une grande journée de mobilisation qui dépasserait la seule question du mariage. Leurs ambitions sont énormes, et d’ores et déjà cette journée est présentée comme un véritable bras de fer avec le gouvernement. Par trois cortèges convergents, la réaction entend nous faire un remake des manifestations en faveur de l’école « libre » en 1984. Le ban et l’arrière-ban sont convoqués à cette occasion pour participer à une sorte de référendum de rue contre un gouvernement qui représenterait les « valeurs de la gauche ».L’UMP, pressée de tourner la page du fiasco de l’élection de son président, en fait un élément majeur de sa rentrée politique. Les groupes Nationalité citoyenneté identité, et Égalité réconciliation tentent – seuls pour l’instant – de transformer l’objectif initial de la manifestation pour en faire également un grand raout raciste et xénophobe. Seul le Front national semble aujourd’hui embarrassé par ce qu’il décrit comme un « dérivatif » par rapport à la situation sociale. Peu désireux de se compter face à l’UMP, ses responsables devraient y participer en ordre dispersé.
L'égalité vraiment pour touTEs !De notre côté, la réussite de la manifestation massive et dynamique du dimanche 16 décembre a sans conteste été un formidable moment de mobilisation qui permet d’envisager la suite avec optimisme, et le grand rassemblement du 27 janvier devrait concrétiser l'exigence de ne pas accepter une loi au rabais, dénaturée par la remise en cause éventuelle du droit à la procréation médicalement assistée. Mais, pour cette manifestation du 27 janvier, les anticapitalistes ne sauraient limiter leurs revendications en matière d’égalité au seul droit au mariage, même si cette échéance reste un enjeu central dans l’affrontement avec la réaction. Au-delà du droit au mariage pour touTEs, c’est la question générale de l’égalité des droits qui est posée. Elle englobe la question de la régularisation de tous les sans-papiers, travailleurs ou pas, du droit de circulation, et du droit d’installation. Nous n’entendons pas, en tant qu’anticapitalistes, définir des priorités entre les oppressions, et la question du droit de vote pour tous les étrangerEs, à toutes les élections nous paraît une échéance tout aussi centrale que les autres.Face à la répression des sans-papiers et à la systématisation des expulsions, face à la montée du racisme et de l’islamophobie, face à la montée de l’intolérance et à l’émergence de groupes ouvertement fascistes, c’est à la reconstruction d’un mouvement unitaire et offensif que nous somme confrontés. Il y a urgence, le NPA en fera une de ses priorités dans les semaines à venir.